L'AU-DELA
ET LA SURVIVANCE DE L'ETRE


Je me propose d'aborder, en ces pages, une des questions les plus hautes et les plus graves qui se dressent devant la pensée humaine.

Y a-t-il en nous un élément, un principe quelconque, qui persiste après la mort du corps ? Y a-t-il quelque chose de notre conscience, de notre personnalité morale, de notre intelligence, de notre moi, qui subsiste après la décomposition de notre enveloppe matérielle ?

Dans cette courte étude, nous laisserons de côté le domaine des espérances religieuses, si respectable soit-il, ainsi que celui des théories philosophiques, pour rechercher exclusivement les preuves expérimentales susceptibles de fixer notre opinion. Aujourd'hui, les affirmations dogmatiques, les théories spéculatives ne suffisent plus. L'esprit humain, rendu plus difficile par les méthodes scientifiques et critiques en usage dans notre temps, exige pour toute croyance une base positive, un critérium de certitude.

Tout d'abord, dans cet examen, une chose nous frappe. A notre époque, où tant de convictions s'affaiblissent et s'éteignent, où tant d'illusions tombent en lambeaux, le respect, le culte de la mort reste une des rares traditions vivantes. Le souvenir des êtres chéris persiste, intense et profond, au coeur de l'homme. C'est à Paris, ne l'oublions pas, que s'est établi l'usage de saluer au passage les convois funèbres.

N'est-ce pas un touchant spectacle que de voir, les 1° et 2 novembre, sous un ciel généralement bas et sombre, et souvent même sous une pluie opiniâtre, maussade et glacée, des foules nombreuses s'acheminer vers les cimetières, pour aller fleurir de chrysanthèmes les tombes de ceux qu'elles ont aimés !

Pour tous ceux qui viennent d'accomplir ce pieux pèlerinage et même, à toutes les époques de l'année, pour ceux qui accompagnent un convoi mortuaire, est-ce que la question ne se pose pas ? Qu'est-il advenu de tous ces voyageurs qui ont franchi le seuil du monde invisible ? Et notre pensée interroge l'océan silencieux des morts !

Oui, malgré l'amour effréné de la matière qui caractérise notre temps, malgré cette lutte ardente pour la vie qui nous saisit dans son engrenage et nous absorbe tout entiers, la pensée de l'Au-delà se dresse à chaque instant en nous. Elle est suscitée par le spectacle quotidien des deuils de l'humanité, par la vue des générations qui se succèdent et passent, par les arrivées et les départs qui se produisent autour de nous, par ces passages constants d'un monde à l'autre de ceux qui ont partagé nos travaux, nos joies, nos douleurs, de ceux qui ont tissé à nos côtés la trame parfois si douloureuse de l'existence.

A tous ceux qui se sont posé cette question je dirai : N'avez-vous pas perçu quelquefois, dans le silence profond des heures nocturnes, des heures d'insomnie, lorsque tout repose autour de nous, n'avez-vous pas perçu quelque bruit mystérieux, qui ressemblait à un avertissement d'ami ou bien encore le murmure d'un être cher essayant de se faire entendre ? N'avez-vous pas senti passer sur votre front comme un souffle léger, doux comme une caresse, ou comme le frôlement d'une aile ? Cela, je l'ai ressenti bien souvent.

Mais, me direz-vous, cela est beaucoup trop vague et très peu concluant. Il faut à notre époque sceptique des manifestations autrement précises, des phénomènes plus tangibles, plus probants.

Or, ces manifestations existent, et c'est d'elles que nous allons nous entretenir, abordant ainsi le domaine du spiritualisme expérimental, de ces sciences psychiques nouvelles qui jettent sur le problème de l'Au-delà une vive lumière.

Ces sciences ont pris une extension considérable depuis quelques années, et il n'est plus possible à tout homme intelligent de les ignorer ou de les dédaigner. En dépit des fraudes et des supercheries, les phénomènes psychiques réels, de tous ordres, se sont tellement multipliés que leur possibilité ne saurait plus être mise en doute. Si certains savants les discutent encore, c'est bien plutôt au point de vue de l'explication des causes en action, que de la réalité des faits pris en eux-mêmes.

Depuis vingt ou trente ans, une nouvelle science est née. Brisant le cercle étroit dans lequel la science d'hier, la science matérialiste, s'était confinée, elle a ouvert à l'esprit humain d'immenses trouées sur la vie invisible.

La découverte de la matière radiante, c'est-à-dire d'un état subtil de la matière qui échappait complètement à nos perceptions, la découverte des rayons X, des ondes hertziennes et de la radioactivité des corps ont démontré l'existence de forces, de puissances incalculables et la possibilité de formes de vie que nos sens chétifs et bornés sont insuffisants à percevoir.

De même que le monde des infiniment petits nous demeurait inconnu avant l'invention du microscope, de même, sans les découvertes de W. Crookes, Roentgen, Berthelot et Curie, nous ignorerions encore qu'un infini de forces, de radiations, de puissances nous entoure, nous enveloppe, nous baigne dans ses profondeurs.

Mais, après ces constatations, quel homme oserait, désormais, fixer des limites à l'empire de la vie ? La mort, elle-même, ne semble être qu'une porte ouverte sur des formes impalpables, impondérables de l'existence ; les flots de la vie invisible roulent sans cesse autour de nous.

On se demande souvent où est l'Au-delà ; mais l'au-delà et l'en deçà se pénètrent, se confondent : ils sont l'un dans l'autre.

L'au-delà est simplement ce que nos sens n'atteignent pas. Ceux-ci sont très pauvres, on le sait. Ils ne nous laissent distinguer que les formes les plus grossières de la vie universelle. Les formes subtiles leur échappent absolument. Pendant longtemps, qu'est-ce que l'humanité a su de l'univers ? Presque rien ! Le télescope et le microscope ont élargi, en deux sens opposés, le champ de nos perceptions. A celui qui, avant la découverte du microscope, aurait parlé des infusoires, de cette vie débordante s'épanouissant en myriades d'êtres dans les airs et dans les eaux, on aurait répondu par un haussement d'épaules.

Voici que de nouvelles perspectives s'ouvrent, et des domaines inconnus de la nature se révèlent. On peut dire que l'enfance du vingtième siècle marque une nouvelle étape de la pensée et de la science. Celle-ci s'affranchit de plus en plus des limites étroites dans lesquelles elle a été enfermée si longtemps, pour prendre son essor, développer ses moyens d'investigation et de raisonnement, et explorer les vastes horizons de l'inconnu. La psychologie, notamment, est entrée dans des voies nouvelles. L'étude du moi, de la personnalité humaine, est passée du domaine de la métaphysique à celui de l'observation et de l'expérience. Parmi les sciences nées de ce mouvement, figure le spiritualisme expérimental.

Sous ce nom, le vieux spiritisme, tant raillé et bafoué, si souvent enterré, a reparu plus vivant et voit s'accroître de jour en jour le nombre de ses partisans.

N'est-ce pas là une chose singulière ? Jamais peut-être on n'avait vu un ensemble de faits, considérés d'abord comme impossibles, dont l'idée ne soulevait, dans la pensée de la majorité des hommes, que l'antipathie, la méfiance, le dédain, qui étaient en butte à l'hostilité de plusieurs institutions séculaires, finir par s'imposer à l'attention et même à la conviction d'hommes instruits, de savants compétents, autorisés par leurs fonctions et leur caractère. Ces hommes, d'abord sceptiques, en sont venus, par leurs études, leurs recherches, leurs expériences, à reconnaître et à affirmer la réalité de la plupart des phénomènes spirites.

Sir William Crookes, le plus grand physicien des temps modernes, après avoir observé, pendant trois ans, les matérialisations de l'esprit de Katie King et les avoir photographiées, a déclaré :

« Je ne dis pas : cela est possible, je dis : cela est. »

On a prétendu que W. Crookes s'était rétracté. Or, il a répondu lui-même à cette insinuation dans son discours d'ouverture au Congrès de Bristol, comme président de l'Association britannique pour l'avancement des sciences. Parlant des phénomènes qu'il a décrits, il ajoute :

Je n'ai rien à rétracter, je m'en tiens à mes déclarations déjà publiées. Je pourrais même y ajouter beaucoup.

Russell Wallace, de l'Académie Royale de Londres, dans son ouvrage intitulé : le Miracle et le moderne spiritualisme, a écrit : « J'étais un matérialiste si parfait et si éprouvé que je ne pouvais, en ce temps, trouver place dans ma pensée pour la conception d'une existence spirituelle... Les faits, néanmoins, sont choses opiniâtres : les faits m'ont vaincu. »

Le professeur Hyslop, de l'Université de Columbia, New-York, dans son rapport sur la médiumnité de Mrs. Piper entrancée, a dit :

« A en juger d'après ce que j'ai vu moi-même, je ne sais comment je pourrais me dérober à la conclusion que l'existence d'une vie future est absolument démontrée. »

F. Myers, professeur à Cambridge, dans son bel ouvrage : la Personnalité humaine, en arrive à cette conclusion, « que des voix et des messages nous reviennent d'au-delà de la tombe ».

Parlant de Mrs. Thompson, il ajoute : « Je crois que la plupart de ces messages viennent d'esprits, qui se servent temporairement de l'organisme des médiums pour nous les donner. »

Richard Hodgson, président de la Société américaine des Recherches psychiques, écrivait dans les Proceedings of Society Psychical Research : « Je crois, sans avoir le moindre doute, que les communicants spirites sont bien les personnalités qu'ils disent être ; qu'ils ont survécu au changement que nous appelons la mort, et qu'ils ont communiqué directement avec nous, les soi-disant vivants, par l'intermédiaire de l'organisme de Mme Piper endormie. »

Le même Richard Hodgson, décédé en décembre 1906, s'est communiqué depuis à son ami James Hyslop, entrant dans des détails minutieux au sujet des expériences et des travaux de la Société des Recherches psychiques. Il explique comment il faudrait les conduire de manière à prouver absolument son identité1.

Ces communications sont transmises par différents médiums, qui ne se connaissent pas, et elles se confirment les unes par les autres. On reconnaît les mots et les phrases qui étaient familiers au communicant pendent sa vie.

Sir Oliver Lodge, recteur de l'Université de Birmingham et membre de l'Académie royale, écrit, dans The Hilbert Journal, ce qui suit (reproduit par Light du 8 juillet 1911) :

« Parlant pour mon compte et avec tout le sentiment de ma responsabilité, j'ai à constater que, comme résultat de mon investigation dans le psychisme, j'ai à la longue et tout à fait graduellement acquis la conviction, et suis maintenant convaincu, après plus de vingt ans d'études, non seulement que la persistance de l'existence personnelle est un fait, mais qu'une communication peut occasionnellement, mais avec difficulté et dans des conditions spéciales, nous parvenir à travers l'espace. »

Et dans la conclusion de son livre récent : la Survivance humaine2, il ajoute :

« Nous ne venons pas annoncer une nouvelle extraordinaire ; nous n'apportons aucun moyen nouveau de communication, mais simplement une collection de preuves d'identité soigneusement établies, par des méthodes développées quoique anciennes, plus exactes et plus voisines de la perfection, peut-être, que celles obtenues jusqu'ici. Je dis « des preuves soigneusement établies », car l'ingéniosité avec laquelle elles ont été préparées se rencontre autant de l'autre côté de la barrière que du nôtre ; il y a eu distinctement coopération entre ceux qui sont dans la matière et ceux qui n'y sont pas. »

Le professeur W. Barrett, de l'Université de Dublin, déclare (Annales des Sciences psychiques, nov. et déc. 1911) :

« Sans doute, pour notre part, nous croyons qu'il y a quelque intelligence active à l'oeuvre derrière l'automatisme (écriture mécanique, transe et incorporations) et en dehors de celui-ci une intelligence, qui est plus probablement la personne décédée qu'elle affirme être, que toute autre chose que nous pouvons imaginer... Il est malaisé de trouver une autre solution au problème de ces messages et de ces « correspondances-croisées », sans imaginer une tentative de coopération intelligente entre certains esprits désincarnés et les nôtres. »

Le célèbre Lombroso, professeur à l'Université de Turin, écrivait dans la Lettura :

« Je suis forcé de formuler ma conviction que les phénomènes spirites sont d'une importance énorme et qu'il est du devoir de la science de diriger son attention sans délai sur ces manifestations. »

M. Boutroux, membre de l'Institut et professeur à la Faculté des Lettres de Paris, s'exprime ainsi dans le Matin du 14 mars 1908 :

« Une étude large, complète, du psychisme n'offre pas seulement un intérêt de curiosité, même scientifique, mais intéresse encore très directement la vie et la destinée des individus et de l'humanité. »

Le savant M. Duclaux, directeur de l'Institut Pasteur, dans une conférence faite à l'Institut général psychologique il y a quelques années, disait : « Je ne sais si vous êtes comme moi, mais ce monde peuplé d'influences que nous subissons sans les connaître, pénétré de ce quid divinum que nous devinons sans en avoir le détail, eh bien ! ce monde du psychisme est un monde plus intéressant que celui dans lequel s'est jusqu'ici confinée notre pensée. Tâchons de l'ouvrir à nos recherches. Il y a là d'immenses découvertes à faire, dont profitera l'humanité. »

*
* *

L'observateur, le chercheur impartial qui veut se faire un jugement fondé, se trouve souvent en face de deux opinions également trompeuses. D'un côté, c'est la condamnation en bloc. On lui dira : dans le psychisme tout est fraude et supercherie ; ou bien : tout est illusion et chimère. De l'autre côté, ce sera la crédulité excessive. Il rencontrera des gens qui admettent les faits les plus invraisemblables, les plus fantastiques; d'autres qui se livrent aux pratiques spirites sans études préalables, qui sont dépourvus de méthode, de discernement, d'esprit de contrôle, et sont dans l'ignorance des causes diverses auxquelles les phénomènes psychiques peuvent être attribués.

Ceux-là pourront être des gens de bonne foi. Mais il y a aussi les fraudeurs et les charlatans. Le charlatanisme s'est souvent emparé des faits psychiques, pour les imiter et les exploiter. Il faut se mettre en garde contre le cortège des faux mages, des faux médiums ou de ceux qui, ayant des facultés réelles, n'hésitent pourtant pas à tricher à l'occasion. On doit se garer des tristes industriels qui ne craignent pas de tirer un parti vénal des choses les plus respectables. Cependant les cas frauduleux ne peuvent altérer en rien la réalité des faits authentiques.

Il n'en est pas moins vrai que les supercheries, les fausses matérialisations, les photographies truquées discréditent le psychisme et entravent la marche de cette science nouvelle, retardent son essor, son développement normal. Mais n'en est-il pas ainsi de toutes les choses humaines ? Les plus sacrées d'entre elles n'ont pas été à l'abri des manoeuvres des fourbes et des imposteurs.

Il est certain qu'en présence de l'incertitude, de la confusion qui résultent à première vue de tant de jugements contradictoires, bien des hommes hésiteront à aborder ce terrain et à se livrer à une étude attentive. Ce qui se dégage au premier examen superficiel, c'est plutôt la défiance et l'hostilité. Trop souvent on ne voit de la science psychique que ses côtés vulgaires, surtout les tables tournantes et les phénomènes similaires ; on méconnaît ou l'on ignore les manifestations d'un caractère élevé, les faits de réelle valeur. Car, en ce monde, tout ce qui est beau et grand se dissimule ; on ne le découvre que par des efforts persévérants, tandis que les choses banales et mauvaises s'étalent à l'envi autour de nous. Ou bien les phénomènes cités paraîtront merveilleux, incroyables à ceux qui n'ont jamais expérimenté. Et certains, en présence des récits qui leur sont faits, considéreront les spirites comme des aliénés.

Voilà pour la première impression ; elle n'est guère favorable, il faut le reconnaître. Pourtant, si l'on étudie sérieusement la question, on est frappé par un fait : c'est qu'après un demi-siècle de critiques amères, d'attaques violentes et même de persécutions, le spiritisme est plus vivant que jamais. On peut dire qu'il s'est considérablement développé, car les revues, les journaux, les cercles d'expérimentation qui se rattachent à cet ordre d'idées, sur tous les points du globe, ne se comptent plus. Tout ce qu'on a voulu tenter contre lui a échoué. Les enquêtes scientifiques et les procès tendancieux ont tourné en sa faveur.

Il faut aussi reconnaître une chose : si le spiritisme a eu tant de peine à vaincre les oppositions conjurées, c'est que l'expérimentation est entourée de difficultés. Elle exige des qualités d'observation et de méthode, un esprit de patience, de persévérance, que tous les hommes sont loin de posséder. Les manifestations spirites sont soumises à des règles plus subtiles, à des conditions plus délicates et plus compliquées qu'aucune autre science3. Il a fallu, de la part des expérimentateurs, de longues années d'étude et d'observation pour déterminer les lois qui régissent le phénomène spirite.

Nous l'avons vu plus haut, le spiritisme s'appuie désormais sur des témoignages scientifiques de haute valeur, sur les expériences et les affirmations d'hommes qui occupent un rang élevé dans la science, et dont les oeuvres fortes, la vie intègre et féconde sont entourées du respect universel. Et le nombre de ces témoignages s'accroît tous les jours. C'est pourquoi l'on peut se dire : si les phénomènes du spiritisme n'étaient qu'illusion et chimère, comment auraient-ils pu retenir, pendant des années, l'attention de savants illustres, d'hommes froids et positifs, tels que sir W. Crookes, Lodge, Zoellner, Lombroso ? Et dans un ordre moins élevé, mais non pas négligeable, des hommes tels que Myers, Aksakof, Maxwell, Stead, Dariex, etc. ?

Peu à peu, grâce aux enquêtes et aux expériences de ces hommes de science, l'investigation se poursuit, les affirmations en faveur du spiritisme se renouvellent et se multiplient.

Et c'est pourquoi nous considérons comme un devoir de répandre partout la connaissance de ces faits, car ils jettent un jour nouveau, un jour puissant sur notre véritable nature et sur notre avenir. Il faut enfin que l'homme apprenne à se mieux connaître, à prendre conscience des énergies qui dorment en lui ; se conformant à la loi suprême, il doit travailler avec courage et persévérance à s'accroître, à grandir en dignité, en savoir, en sagesse, en moralité, car toute sa destinée est là !

*
* *

Ajoutons une remarque sur les expériences des savants que nous avons cités : elles ont eu une portée considérable et ont abouti à des constatations scientifiques de la plus haute importance. Par exemple, c'est en observant les matérialisations de l'esprit de Katie King que sir W. Crookes a découvert la matière radiante. Dans ces phénomènes étranges, il observait l'action de la substance en travail au point où elle se transforme en force, en énergie.

C'est donc un fait spirite qui a été le point de départ de tout un enchaînement de découvertes, de toute une révolution dans le domaine de la physique et de la chimie.

Cette matière radiante, diffuse, impondérable, qui remplit l'espace et échappe à nos sens, le grand physicien anglais trouve le moyen de la rendre visible dans cet appareil qu'on a appelé l'ampoule de Crookes. Tout ce qu'on a constaté depuis lors dans ce domaine n'a été qu'une application des découvertes de l'illustre savant : les rayons X et la radioactivité des corps, par exemple.

Le radium lui-même n'est qu'une de ces manifestations. Tous les corps vibrent, tous sont en perpétuel état de radiation ; le radium rayonne plus puissamment que les autres.

Nous pouvons observer maintenant la matière dans ses différents états, depuis l'état solide, le plus condensé sous lequel nous la voyons habituellement, jusqu'à l'état de complète dissociation où elle devient force et lumière.

L'être humain rayonne également. Il existe en lui un foyer d'énergie, d'où s'échappent constamment des effluves magnétiques et des forces qui s'activent, s'étendent sous l'influence de la volonté et peuvent impressionner des plaques photographiques. Déjà, par ce rayonnement, notre être pénètre dans le monde invisible.

Toutes ces notions, les expériences scientifiques viennent les confirmer. La constatation de ces modes d'énergie, l'existence de ces formes subtiles de la matière, fournissent en même temps l'explication rationnelle des phénomènes spirites. C'est là que les Esprits puisent les forces dont ils se servent dans leurs manifestations physiques ; c'est de ces éléments impondérables que sont constitués leurs enveloppes, leurs organismes. Nous-mêmes, humains, nous possédons en nous, dès cette vie, un corps subtil, invisible, véhicule de l'âme, dont le corps physique est l'image et qui, dans certains cas, peut se concréter et tomber sous les sens.

On a pu reproduire sur les plaques ce double fluidique de l'homme, centre de forces et de radiations. Le colonel de Rochas et le docteur Barlemont ont obtenu, chez Nadar, la photographie simultanée du corps d'un médium et de son double, momentanément séparés4.

C'est par l'existence du corps fluidique, par son dégagement pendant le sommeil naturel ou provoqué, que s'expliquent les apparitions des fantômes des vivants et, par extension, celles des Esprits des morts.

Déjà on avait pu constater, dans bien des cas, que le double fluidique de personnes vivantes se détachait, dans certaines conditions, du corps matériel, pour apparaître et se manifester à distance. Ces phénomènes sont connus sous le nom de faits télépathiques.

Dès lors, il devenait évident que si, pendant la vie, la forme fluidique peut agir en dehors et sans le concours du corps, la mort ne pouvait plus être le terme de son activité.

Voici un cas remarquable d'apparition d'un vivant dégagé de sa forme matérielle :

Les grands journaux de Londres, le Daily News du 17 mai 1905, l'Evening News, le Daily Express, l'Umpire du 14 mai, ont rendu compte de l'apparition, en pleine séance du Parlement, à la Chambre des Communes, du fantôme d'un député, le major sir Carne Rachse, qui était retenu à ce moment chez lui par une indisposition. Trois autres députés attestent la réalité de cette manifestation.

Voici comment s'exprime sir Gilbert Parker, membre de la Chambre des Communes, dans le journal Umpire du 14 mai 1905, reproduit par les Annales des Sciences psychiques de juin 1905 :

« Je voulais participer au débat, mais on oublia de m'appeler. Pendant que je regagnais ma place, mes yeux aperçurent sir Carne Rachse, assis près de sa place habituelle. Comme je savais qu'il avait été malade, je lui fis un geste amical, en lui disant : « J'espère que vous allez mieux. » Mais il ne fit aucun signe de réponse. Cela m'étonna. Mon ami avait le visage très pâle. Il était assis, tranquille, appuyé sur une main ; l'expression de sa figure était impassible et dure. Je songeais un instant à ce qu'il convenait de faire ; quand je me retournai vers sir Carne, il avait disparu. Je me mis aussitôt à sa recherche, espérant le trouver dans le vestibule. Mais il n'y était pas. Personne ne l'y avait vu. »

Et le journal ajoute :

« Sir Carne lui-même ne doute pas d'être réellement apparu à la Chambre, sous forme de double, préoccupé qu'il était de se rendre à la séance pour appuyer de son vote le gouvernement. »

Nous avons en outre le témoignage de deux autres députés anglais.

Dans le Daily News du 17 mai 1905, sir Arthur Hayter ajoute son témoignage à celui de sir Gilbert Parker. Il dit que lui-même non seulement vit sir Carne Rachse, mais qu'il attira l'attention de sir Campbell Bannermann sur sa présence à la Chambre.

Au sujet des apparitions des défunts, nous avons relaté dans nos autres ouvrages5 les expériences de William Crookes avec l'esprit de Katie King, d'Aksakof avec l'esprit d'Abdullah, etc..

Relatons un cas plus récent, que le professeur Lombroso, de Turin, connu dans le monde entier par ses travaux de physiologie criminaliste, rapporte dans son livre posthume : Ricerche sui fenomeni inoptici et spiritici :

C'était à Gênes, en 1902 ; le médium Eusapia était en état de demi-inconscience et je n'espérais pas obtenir de phénomène sérieux. Avant la séance, je l'avais priée de déplacer, en pleine lumière, un lourd encrier de verre. Elle me répondit avec son ton vulgaire : « Pourquoi t'occupes-tu de ces niaiseries ? Je suis capable de bien autre chose, de te faire voir ta mère. Voilà à quoi tu devrais penser ! » Impressionné par cette promesse, après une demi-heure de séance, je fus pris du désir le plus intense de la voir exécutée, et la table répondit par trois coups à ma pensée. Tout à coup je vis (nous étions dans une demi-obscurité avec la lumière rouge) sortir du cabinet une forme assez petite, comme était celle de ma mère. (Il est à remarquer que la taille d'Eusapia est d'au moins dix centimètres supérieure à celle de ma mère.) Le fantôme était voilé ; il fit le tour complet de la table, jusqu'à moi, en murmurant des paroles que beaucoup entendirent, mais que ma demi-surdité ne me permit pas de saisir. Tandis que, hors de moi par l'émotion, je la suppliais de me les répéter, elle me dit : Cesare, mio fio ! Ce qui, je le reconnais, n'était pas dans ses habitudes. En effet, elle était Vénitienne et avait l'habitude vénitienne de me dire : mio fiol ! Peu après, sur ma demande, elle écarta un instant son voile et me donna un baiser.

A la page 93 de l'ouvrage cité plus haut, on peut lire que la mère de l'auteur lui réapparut une vingtaine de fois encore au cours des séances d'Eusapia.

L'objection favorite des incrédules, touchant ce genre de phénomènes, est qu'ils se produisent dans l'obscurité, si favorable aux supercheries. Il y a une part de vérité dans cette objection, et nous n'avons pas hésité à signaler nous-même des fraudes scandaleuses, mais il faut remarquer que l'obscurité est indispensable aux apparitions lumineuses, les plus fréquentes de toutes. La lumière exerce une action dissolvante sur les fluides, et nombre de manifestations ne peuvent réussir qu'en son absence. Il y a cependant des cas où certains Esprits ont pu apparaître à la lumière phosphorée. D'autres se dématérialisent en pleine lumière. Sous les radiations de trois becs de gaz, on a vu Katie King fondre peu à peu, se dissoudre et disparaître6.

A ces témoignages nous avons le devoir de joindre le nôtre, en relatant un fait qui nous est personnel.

Pendant dix ans, nous avons poursuivi cet ordre d'études avec l'aide d'un médecin de Tours, le docteur Aguzoli, et d'un capitaine archiviste du IX° corps. Par l'intermédiaire de l'un d'eux, endormi du sommeil magnétique, les Invisibles nous promettaient depuis longtemps une matérialisation, lorsqu'un soir, réunis dans le cabinet de consultation de notre ami, les portes soigneusement closes, et le jour pénétrant encore suffisamment par la haute fenêtre pour nous permettre de voir très distinctement les moindres objets, nous entendîmes trois coups retentir sur un point de la muraille. C'était le signal convenu.

Nos regards s'étant portés de ce côté, nous vîmes surgir d'un mur plein, sans aucune solution de continuité, une forme humaine de taille moyenne. Elle apparaissait de profil : l'épaule et la tête se montrèrent d'abord, puis, graduellement, tout le corps apparut. La partie supérieure était bien dessinée ; les contours en étaient nets et précis. La partie inférieure, plus vaporeuse, ne formait qu'une masse confuse. L'apparition ne marchait pas ; elle glissait. Après avoir traversé lentement la salle, à deux pas de nous, elle alla s'enfoncer et disparaître dans le mur opposé, à un endroit qui n'offrait aucune issue. Nous pûmes la considérer pendant trois minutes environ, et nos impressions, contrôlées ensuite, furent reconnues identiques.

Le colonel français L. G., aujourd'hui général, avait perdu sa fille aînée, âgée de vingt ans, à laquelle il avait voué une tendre affection, car cette jeune personne, très sérieuse, renonçait volontiers aux plaisirs de ses compagnes pour partager les travaux de son père, écrivain distingué. Cette mort soudaine, foudroyante, plongea le colonel dans un morne désespoir. Il me demanda les moyens de communiquer avec la chère disparue ; mais ses essais par la table et l'écriture ne lui donnèrent que des résultats insuffisants. Peu à peu, cependant, des phénomènes de vision se produisirent et, le 25 janvier 1904, il m'écrivait :

Comme complément à mes lettres antérieures, je veux d'abord fixer ici par écrit ce que je vous ai raconté à l'hôtel Nègre-Coste.

Le soir même de votre conférence, étant couché et dans une entière obscurité, j'ai d'abord vu la forme très nette de ma chère enfant, comme je la vois d'habitude (et j'ajoute comme je continue à la voir d'une manière de plus en plus précise), c'est-à-dire une forme sombre, au contour brillant, la coiffure qui lui était spéciale se détachant merveilleusement sur le sommet de la tête.

Or, comme cette forme bien-aimée était devant moi, parfaitement éveillé et l'observant avec toute l'attention dont je suis capable, l'apparition se transfigura, et j'eus alors, au côté de mon lit, ma fille adorée comme jamais je ne l'ai mieux vue de son vivant : figure souriante, gaie, teint éclatant de fraîcheur ; c'était saisissant ; il y avait émanant d'elle comme une lumière, son visage rayonnait, resplendissait.

Malheureusement, cela n'a duré que cinq à six secondes, et après j'ai perçu de nouveau la forme sombre, bleuâtre. La figure seule avait l'apparence de la vie.

J'ajoute que précédemment j'avais observé, au pied de mon lit, une magnifique étoile bleue, d'une lumière inimitable, qui projetait vers moi un rayon dont je me trouvais éclairé littéralement. Depuis notre retour ici, les manifestations ont continué dans ces conditions. Toutefois, il y a lieu de relever deux particularités :

Il y a quelques jours, mon neveu Robert était de garde. A minuit, il quitta le poste pour aller prendre quelque chose dans sa chambre. Arrivé là, il s'entendit deux fois appeler, très distinctement : « Robert ! Robert ! » et d'une voix bien connue. Il était absolument seul, porte fermée, et à cette heure tout le monde dormait au quartier.

D'ailleurs, ses camarades l'appellent par son nom de famille : de C..., et jamais par son petit nom. Le seul qui l'appelle par son prénom est Amaury, le fiancé de ma fille, et il était, à cette heure-là, couché dans la chambre qu'il occupe chez moi.

Rentré au poste, il eut l'étonnement de voir un chien recueilli par les soldats, et qu'on appelle « Bataillon », se dresser, ses pattes de devant appuyées sur le lit de camp, face à la muraille, le poil hérissé, et aboyer pendant près de dix minutes, le regard fixé sur le même point, où l'on ne voyait rien.

On ne put le faire taire. Enfin, hier soir, chez moi, Amaury était couché, et il avait sur son lit une chatte, autrefois la préférée de ma chère Yvonne. Tout à coup il se produisit sur la table de nuit un coup tellement violent que la chatte sauta en bas du lit. Amaury, qui sommeillait à peine, rouvrit les yeux et vit la chambre remplie de lueurs, de points brillants, etc..

Voilà où nous en sommes ; tout ceci ne laisse place à aucun doute, à aucun soupçon ; tout se passe chez nous, sans médium étranger, en famille. Le plus souvent les phénomènes sont spontanés.

On y viendra, à cette croyance dans la réalité des manifestations de l'Au-delà, et tout le monde s'étonnera un jour qu'on ait été si longtemps sans les constater et même à les nier !

Le général L. G. me signale encore le phénomène suivant :

M. Contaut, vieil ami de mon père, né à Epinal comme lui et venu à Périgueux, où il a pris sa retraite comme directeur de l'enregistrement, m'a raconté ce fait :

« Un jour, à Epinal, je venais de me coucher, quand tout à coup je vis au pied de mon lit mon ami Goenry, commandant du génie, alors dans une résidence très éloignée des Vosges. Il était en tenue et me regardait tristement. Je fus tellement saisi que je m'écriai : « Comment, Goenry, te voilà ! » A ce moment il disparut. J'étais très impressionné ; j'allai trouver ma femme et je lui racontai ce qui venait de se passer, en ajoutant : « Je parie que Goenry est mort. » Le lendemain, je reçus une dépêche m'annonçant sa mort, qui coïncidait exactement avec l'heure de l'apparition. »

Or, M. Contaut est un esprit très positif ; il ignorait tout de cet ordre de phénomènes, et ne m'a confié la chose que parce que je venais de l'entretenir moi-même de certains faits spirites qui m'étaient arrivés. Il ajouta : « Je n'avais jamais rien compris à cet incident ; que de fois j'y ai pensé, sans pouvoir me l'expliquer ! »

Citons encore un cas, plus ancien, mais des plus suggestifs, en raison des témoignages officiels qui l'appuient :

Le 17 mars 1863, à Paris, dans un appartement du premier étage, rue Pasquier, n° 26, derrière la Madeleine, Mme la baronne de Boilève donnait à dîner à plusieurs personnes, parmi lesquelles le général Fleury, grand-écuyer de l'empereur Napoléon III, M. Devienne, premier président de la Cour de cassation, M. Delesvaux, président de chambre au tribunal civil de la Seine. Pendant le repas il fut surtout question de l'expédition du Mexique, commencée depuis un an déjà. Le fils de la baronne, le lieutenant des chasseurs à cheval Honoré de Boislève, faisait partie de l'expédition, et sa mère n'avait pas manqué de demander au général Fleury si le gouvernement avait des nouvelles. Il n'en avait pas. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Le repas s'acheva gaiement, les convives demeurant à table jusqu'à 9 heures du soir. A ce moment, Mme de Boislève se leva et passa seule au salon pour faire servir le café. Elle y était à peine entrée qu'un cri terrible alarma les invités. Ils se précipitèrent et trouvèrent la baronne évanouie, étendue de tout son long sur le tapis.

Ranimée, elle leur raconta une histoire extraordinaire. En franchissant la porte du salon, elle avait aperçu, à l'autre extrémité de la pièce, son fils Honoré debout, en uniforme, mais sans armes et sans képi. Le visage de l'officier était pâle et ensanglanté. Telle avait été l'épouvante de la pauvre femme qu'elle avait pensé mourir. On s'empressa de la rassurer, en lui représentant qu'elle avait été le jouet d'une hallucination, qu'elle avait rêvé tout éveillée ; mais, comme elle se sentait inexprimablement faible, on appela d'urgence le médecin de la famille, qui était l'illustre Nélaton. Il fut mis au courant de l'étrange aventure, ordonna des calmants et se retira. Le lendemain, la baronne était physiquement rétablie, mais le moral était touché. Elle envoya deux fois chaque jour au ministère de la guerre demander des nouvelles du lieutenant.

Au bout d'une semaine, elle fut officiellement avertie que, le 17 mars 1863, à 2 heures et 50 minutes après midi, à l'assaut de Puebla, Honoré de Boislève avait été tué raide d'une balle mexicaine, qui l'avait atteint à l'oeil gauche et lui avait traversé la tête.

Trois mois après, le docteur Nélaton communiqua à ses collègues de l'Académie des Sciences un procès-verbal de l'événement, écrit tout entier de la main de M. le premier président Devienne et signé par tous les convives du fameux dîner7.

En son numéro du 24 décembre 1905, l'Eclair publie une importante déclaration de M. Montorgueil, rédacteur de ce journal, qui se décide aujourd'hui à parler des expériences auxquelles il a pris part en 1886 ou 1887, chez l'ingénieur Mac-Nab, rue Lepic. Il a fallu l'affirmation courageuse du professeur Ch. Richet sur la réalité du fantôme de la villa Carmen, pour faire sortir le susdit de son silence de dix-huit ans.

Beaucoup de sceptiques peu au courant de ces recherches s'imaginent naïvement que, s'ils se précipitaient sur le fantôme et l'empêchaient de bouger, ils trouveraient le médium déguisé.

Voici une expérience de M. Montorgueil qui répond péremptoirement à cette hypothèse, en montrant sa niaiserie. Nous arrivons immédiatement au point intéressant de ce récit :

« Un soir, je me sentais touché à l'épaule, c'était une bourrade un peu brusque. Un instant après, une jupe frôla mes genoux, que je saisis entre mes doigts et qui leur échappa.

« Le fantôme revint sur moi. Et tout à coup, je me sentis violemment débarbouillé. Je crus à une plaisanterie : je saisis, furieux, la main qui s'était promenée sur ma figure. La colère, mêlée de quelque terreur, décuplait mes forces. Je criai d'allumer, ce que l'ingénieur fit aussitôt.

« J'étais debout, j'avais un bras passé sous mon bras qui l'appuyait contre mon corps ; je serrais le poignet que j'avais saisi dans mon poignet, dont la fureur faisait un étau. Le silence était absolu ; je ne percevais pas le bruit d'un souffle : je n'en sentais point la chaleur ; mes pieds seuls trépignaient.

« La main du fantôme essayait pourtant d'échapper à mon étreinte. Je la sentais fondre dans mes doigts.

« La lumière était revenue : cette lutte n'avait pas duré dix secondes.

« Contre moi, personne ; chacun de nous était à sa place et témoignait de plus de curiosité que d'essoufflement. Il est hors de doute qu'une personne que j'eusse ainsi saisie, je l'eusse jetée à terre, ou dans ce corps à corps elle ne m'y eût jeté avant que nos mains se fussent quittées. Elle ne se fût pas certainement dégagée sans une bousculade.

« Mon adversaire avait disparu.

« Avais-je été le jouet d'une hallucination ? J'avais la preuve du contraire : je tenais dans ma main, arraché de la main du fantôme, le chiffon avec lequel j'avais été débarbouillé... C'était le fichu d'une jeune fille que le sculpteur avait amenée.

« Je dois noter qu'au moment où la lumière parut et que la main s'évanouit, le musicien (le médium) se renversa sur le canapé, dans un grand cri, et qu'il resta prostré, anéanti plusieurs minutes.

« J'ai réfléchi, depuis, bien des fois à ces faits. J'ai cherché à savoir si je n'avais pas été mystifié et mes compagnons également. Je n'ai rien trouvé qui me confirmât dans le doute. Un argument prime tous les autres à mes yeux : un être que je serrais au poignet et sous mon bras, s'est dégagé en moins de dix secondes, sans fracas, sans chute, sans collision : je mets au défi quiconque d'y parvenir... »

On remarquera le contre-coup subi par le médium. Dans d'autres circonstances il peut résulter pour ce médium les plus terribles conséquences. Mme d'Espérance, dans une aventure semblable, resta gravement malade pendant plusieurs années. C'est pourquoi il est bon de n'opérer qu'avec des personnes dont on connaisse la loyauté, et qui ne risqueront pas, par de stupides et inutiles agressions, de blesser les médiums.

Les matérialisations et apparitions d'Esprits rencontrent, nous l'avons vu, des difficultés, qui en limitent forcément le nombre. Il en est autrement de certains phénomènes d'ordre physique et de nature très variée, lesquels se propagent et se multiplient de plus en plus autour de nous.

Nous allons examiner succinctement ces faits, dans leur ordre progressif, au point de vue de l'intérêt qu'ils présentent et des certitudes qui s'en dégagent touchant la vie libre de l'esprit.

En première ligne, vient le phénomène, si répandu aujourd'hui, des maisons hantées. Ce sont des habitations fréquentées par des Esprits d'ordre inférieur, où ils se livrent à des manifestations bruyantes. Des coups, des sons de tout ordre, depuis les plus faibles jusqu'aux plus puissants, font vibrer les parquets, les meubles, les murailles, l'air même. La vaisselle est déplacée et brisée ; des pierres sont projetées du dehors jusque dans les appartements.

Les journaux nous apportent fréquemment le récit de phénomènes de ce genre. A peine ont-ils cessé sur un point, qu'ils se reproduisent sur d'autres, soit en France, soit à l'étranger, suscitant l'attention publique. En certains lieux, ils ont duré des mois entiers, sans que les plus habiles policiers aient réussi à découvrir une cause humaine à ces manifestations.

Voici le témoignage de Lombroso à leur sujet. Il écrivait dans la Lettura :

Les cas de maisons hantées, et observés en dehors de la présence de médiums, dans lesquelles, pendant des années, se reproduisent des apparitions ou des bruits concordant avec le récit de morts tragiques, plaident en faveur de l'action des trépassés. - Il s'agit souvent de maisons inhabitées, où ces phénomènes se produisent parfois pendant plusieurs générations et même pendant des siècles8.

Le docteur Maxwell, avocat général à la Cour d'appel de Bordeaux, a retrouvé des arrêts de divers parlements, au dix-huitième siècle, résiliant des baux pour cause de hantise9.

Le Journal des Débats, dans son numéro du 28 août 1912, rapporte le fait suivant :

M. J. Denterlander possède à Chicago, 3375, South Dakley Avenue, une maison de rapport. La commission chargée de répartir l'impôt avait cru devoir taxer cet important immeuble sur le pied d'un loyer de 12.000 dollars. M. Denterlander a protesté. Loin de lui fournir des bénéfices, sa maison ne lui donne que de l'ennui ; il a toutes les peines du monde à la louer, parce qu'elle est hantée. Une jeune femme y est morte dans des conditions mystérieuses, probablement assassinée, et depuis lors les autres locataires sont réveillés sans cesse par des gémissements et des cris. Les locataires commencent à se lasser ; ils donnent congé l'un après l'autre. C'est pourquoi M. Denterlander sollicitait une détaxe. La commission, après en avoir délibéré, a fait droit à sa requête : elle a décidé que le revenu imposable de l'immeuble serait abaissé de 12.000 à 8.000 dollars. Voilà, du même coup, l'existence des fantômes officiellement reconnue.

Rappelons les deux cas de hantise de Florence et de Naples que relate mon ouvrage : Dans l'Invisible (p. 242 et 243). Des tribunaux, après l'audition de nombreux témoins, ont prononcé des jugements par lesquels ils reconnaissaient la validité des faits et concluant à la résiliation de baux.

Tous ces phénomènes sont dus à des entités de l'ordre le plus inférieur, car les Esprits élevés ne sont pas seuls à se manifester.

Les Esprits de tout ordre aiment à entrer en rapport avec les hommes, dès qu'ils en trouvent les moyens. De là, la nécessité de distinguer, dans les manifestations occultes, ce qui vient d'en haut et ce qui vient d'en bas, ce qui émane des Esprits de lumière et ce qui est produit par des Esprits arriérés. Il y a des âmes de tout caractère et de toute élévation ; il y en a même autour de nous beaucoup plus d'inférieures que d'élevées. Ce sont celles-là qui produisent les phénomènes physiques, les manifestations bruyantes, tout ce qui est d'ordre vulgaire, manifestations utiles cependant, puisqu'elles nous apportent la connaissance de tout un monde oublié.

Dans mes ouvrages déjà cités, j'ai longuement parlé des cas d'écriture médianimique et d'écriture directe.

Les messages obtenus par ces procédés présentent une grande variété de style et sont de valeur très inégale. Beaucoup ne renferment que des banalités, mais il en est de remarquables par la beauté de la forme et l'élévation de la pensée.

Nous citerons quelques exemples récents et inédits.

Le publiciste anglais W. T. Stead, mort dans la catastrophe du Titanic, a donné la communication suivante, le 21 mai 1912, à Mme Hervy, dans un groupe parisien :

Chers amis, une ombre heureuse vient à vous ; inconnue quant à sa personne, son nom ne vous est pas ignoré, ni sa mort tragique sur le Titanic. Je suis Stead, et des amis communs, entre autres la duchesse de P..., m'ont amené ici pour me permettre de me manifester par l'intermédiaire de Mme Hervy, son amie. Peut-être serez-vous étonnés que mes Esprits familiers ne m'aient pas averti de la fatalité attachée au Titanic ; mais rien ne prévaut contre la destinée lorsqu'elle est irrémédiable, et je devais mourir sans qu'il fût possible à aucune puissance humaine ou spirituelle de reculer l'heure. L'agonie du Titanic a été quelque chose d'horrible et aussi de sublime. Il y a eu des désespoirs fous et des manifestations lâches et brutales de l'égoïsme humain. Mais combien aussi ont pris mesure de leurs coeurs et se sont sentis plus grands devant la mort, plus nobles et plus saints, plus près de Dieu. Savoir qu'on va mourir en pleine vie et en pleine force, sous l'action de ces puissances de la nature qui ne sont qu'indomptées sous leur apparente soumission ; mourir sous le scintillement des étoiles impassibles, mourir dans le calme funèbre de la mer glacée au milieu de cette solitude infinie, quelle angoisse pour la pauvre créature humaine ! et quel appel éperdu vers ce Dieu dont, tout à coup, elle découvre la puissance !... Oh ! les prières de cette nuit, les prières, les renoncements, les éclairs soudains illuminant les consciences, et la foi s'élevant dans les coeurs avec le beau chant : « Plus près de toi, mon Dieu ! » Agonie de centaines d'êtres, oui, mais agonie qui pour beaucoup était l'aurore d'un jour nouveau. Il y a pour ceux qui ont vécu, pensé, souffert, pour ceux aussi qui ont trop joui de ces décevantes joies que la fortune dispense à ses victimes, un soulagement intérieur, et comme un élan d'espérance, à penser que dans quelques instants tout sera fini. L'âme tressaille dans la chair et la dompte, malgré les soubresauts inconscients de la bête. Et combien d'entre nous, aux paroles du cantique : « Plus près de toi, mon Dieu ! » se sont sentis tout près de l'Etre ineffable qui nous enveloppe de sa toute-puissante sérénité ! Pour moi, j'ai vu venir la mort avec une étrange douceur, je me sentais soutenu par mes amis invisibles, pénétré par ce mystérieux magnétisme qui galvanisait ceux qui allaient mourir, et qui enlevait à la mort son horreur. Les morts ont peu souffert, moins que les vivants ; ceux qui étaient choisis étaient déjà à moitié dans le monde spirituel où tout rayonne d'une vie éthérée. La grande angoisse n'était pas pour eux, mais pour ceux qui, rivés à la chair, étaient entraînés sur les canots sauveteurs pour continuer ici-bas le pèlerinage de douleur dont ils n'étaient pas encore affranchis.

W. STEAD.

Voici deux autres messages, obtenus au moyen de l'écriture médianimique, en mars et avril 1912 :

Chère Madame, merci du service que vous m'avez rendu, merci de m'avoir aidé à sortir du trouble qui suit la mort, merci de m'avoir mis en contact avec des âmes si nobles, si pures, qui rêvent le triomphe du Christ véritable et la mise en oeuvre de sa doctrine dans une humanité rongée par la fièvre malsaine du matérialisme et par le débordement de ces doctrines d'une philosophie nébuleuse, qui, en voulant créer des surhommes, a méconnu l'homme tout court.

Le matérialisme, d'une part, et les néfastes doctrines qui ont exalté le moi aux dépens du nous et l'individu aux dépens de l'ensemble humain dont on ne peut le séparer, ont créé une amoralité générale, une dégénérescence de la conscience, que les vieilles formules religieuses sont incapables d'enrayer.

Oh ! nous aurons bien à faire, nous, les missionnaires du Christ nouveau, et le travail ne nous manquera pas dans la vigne du Seigneur ; mais quelle joie pour l'apôtre de sentir sa mission se préciser et s'étendre, de voir que la mort, loin de coucher l'homme immobile sous la pierre du sépulcre, augmente, étend, amplifie ses facultés, qu'elle le libère des doutes, des hésitations, des scrupules faux qui troublent sa conscience ! Ma vie passée n'a été que la terne chrysalide où mon âme s'est muée sous l'épreuve et la douleur en un merveilleux papillon.

O joie immense qui gonfle le coeur ! joie qui soulève l'âme dans un souffle éperdu, pour la jeter, palpitante de reconnaissance, aux pieds du céleste Créateur, qui paie si amplement la rançon du pécheur.

Non, mes frères, vous qui êtes plongés dans la nuit de votre terrestre prison, vous ne pouvez concevoir le bonheur de la libération terrestre : sentir grandir en soi cette puissance de connaître et d'apprendre, qui a fait déjà de l'homme le maître de l'univers matériel, sentir grandir en soi, avec l'intelligence et la compréhension, toutes les possibilités de l'action ; sentir son coeur s'épurer, et connaître enfin la véritable amitié et le véritable amour dans la communion intime des êtres, que les lourdes enveloppes physiques séparent par d'invincibles barrières, tout cela ne peut s'exprimer par des mots, et il m'est impossible de vous faire sentir cette plénitude de vie qui succède au sommeil terrestre ; car, sur terre, l'homme est semblable au grain enfoui dans le sol, obscur germe, notion qui prépare l'épanouissement futur, mais qui n'en est pas moins profondément enclose dans les liens de la matière.

Merci encore une fois, Madame, d'avoir hâté mon réveil, de m'avoir donné tant d'amis si élevés, si hauts et si pénétrés de la parole du Christ ; merci de m'avoir fait entrer dans cette phalange qui compte des Lacordaire, des Didon, des Bersier, phalange qui travaille à la divine mission de la rénovation de l'idéal du Christ.

Me voici donc redevenu l'ardent, le fervent apôtre que vous, ma chère fidèle (l'Esprit s'adresse, ici, à une personne de l'assemblée), avez connu, avec plus de clairvoyance et plus d'intelligence des choses, avec l'espoir fervent de pouvoir reprendre plus tard et plus parfaitement la tâche que j'ai essayé de remplir ici-bas et que j'ai laissée, hélas ! si imparfaite.

C'est votre pensée qui m'a attiré près de notre médium. Merci donc, à vous aussi. Je vous quitte, mes amis, plein d'une joie pure et sainte, joie qui surpasse toutes les joies de la terre, comme toutes les harmonies terrestres, comme le chant du rossignol surpasse et éteint le gazouillis de la fauvette.

Merci encore ; l'apôtre a repris confiance en sa mission divine, et de nouveau le voici prêt à combattre pour le triomphe de l'esprit du Christ.

LOYSON.

La vie spirituelle, toute merveilleuse de beauté, ne nous fait point délaisser nos amis terrestres. Si heureux que nous soyons, si profondes que soient les jouissances qui nous enivrent, toujours et sans cesse, nous sommes ramenés vers le lieu de notre dernière vie, vers tous ceux auxquels nous unissent les liens d'une affection fraternelle, vers nos chers aimés, enfin.

Oui, nous pensons à vous, des hauteurs même les plus inaccessibles où puisse s'élever la pensée ! Nous venons à vous vous redire, en un écho lointain, d'espérer et d'aimer quand même, aussi rude, aussi aride que puisse être la vie. L'espoir et l'amour versent, dans l'existence, le breuvage d'oubli. Ils donnent le courage, la volonté forte, qui nous font braver la tempête avec un front serein. Mais vienne l'accalmie, après l'orage, vienne l'heure du repos bienfaisant, et vous sentirez couler en vos veines l'éternelle félicité céleste, que Dieu répand, sans compter, sur les pauvres humains.

Le temps vous paraît bien long, parfois. De nous, vous attendez les moindres communications avec impatience ; avec, aussi, une sorte de curiosité et le vague espoir qu'elles vont vous révéler un peu le mystère des mondes.

Mais la Providence sait que les révélations ne pourraient être comprises. Non ! L'heure n'a pas encore sonné ! Et les phrases que nous pourrons vous faire entendre resteront encore des phrases. Exhortations au bien, certes ! Vers le mieux il faut orienter les pauvres âmes en détresse. Par la douceur, par la bonté, il faut amener à vous les frères incroyants. Et vous saurez aussi, par la charité, leur faire entrevoir le but sublime vers lequel doit tendre la vie.

La vie se continue, vous le savez. La forme seule change. Encore ne change-t-elle point trop vite, car, pendant bien longtemps, nous demeurons terrestres.

Nous voudrions pouvoir vous exprimer tout ce que l'infini nous permet de contempler. Mais, hélas ! le langage humain est pauvre, les mots en sont durs, aigus, lourds comme la matière, alors qu'il les faudrait légers et suaves, d'une suavité exquise, capable de rendre les sons et les couleurs. L'atmosphère dont vous êtes enveloppés est trop épaisse, pour vous permettre de percevoir, même un peu, toute l'harmonie qui règne dans les plans supérieurs. Ah ! que de splendeur s'y déploie ! Et quelle consolation, quelle grande récompense à nos maux, que cette vie, cette ivresse de tous les instants !

Nous continuons à nous occuper des âmes errantes, mais la source d'amour qui nous abreuve est si vive et si grande, qu'elle suffit pour nous laisser entrevoir de plus glorieuses destinées. L'ascension continue, sans jamais s'arrêter. Monter encore, monter toujours, sans l'atteindre jamais, vers le foyer de perfection, vers la Cause suprême, qui doit nous absorber, tout en nous laissant notre personnalité propre.

L'amour, dans quelque monde que l'on soit, est la force, le pivot des sphères, qui gravitent dans leur orbite. Dans la nature, dans les infiniment petits, c'est l'amour, d'abord, qui guide l'instinct. Dans l'homme, dans la société tout entière, c'est l'amour qui forme les sympathies, qui rend possibles les rapports des humains entre eux. Sous quelque expression qu'on veuille les déformer, de n'importe quel nom on l'affuble, si vous analysez un peu, vous retrouverez toujours l'amour, l'amour plus ou moins épuré, qui se trouve en tout être. Il est le centre, la cause. Au foyer, c'est lui qui règne. C'est sur ses assises qu'on construit la famille, la famille qui perpétue, dans le temps et l'espace, la longue suite des âges, marquant le progrès des humanités. Et c'est, aussi, toujours l'amour qui régit les amitiés solides.

Vous formez une force puissante, quand les mêmes idées, le même ardent désir du bien vous animent. La force fluidique qui vous entoure est considérable, et, si le granit peut vous donner une idée de sa résistance, le cristal, où vient s'iriser la lumière, pourra vous faire percevoir son incomparable pureté.

Du plus petit au plus grand, aimez, et dans vos coeurs, dans vos âmes, coulera la source de vie. Oui ! Il faut aimer encore, aimer toujours en enseignant, en continuant à propager, dans toute sa grandeur, la philosophie qui contient le pourquoi des destinées humaines. Labourez la terre ; laissez entrer en elle le soc puissant de l'amour, et, un jour, les moissons blondes lèveront au soleil radieux de l'avenir. Propagez, sans vous lasser. Propagez, en aimant.

EDOUARD PETIT,

Décédé le 15 septembre 1910, 2, place de Vaugirard, Paris.

Tout récemment, les expérimentateurs anglais ont imaginé, sous le nom de « cross-correspondence », un nouveau procédé de communication avec l'invisible, qui est bien de nature à prouver l'identité des Esprits qui se manifestent au moyen de l'écriture médianimique. Il a été décrit par sir Ol. Lodge, recteur de l'Université de Birmingham, le 30 janvier 1908, lors d'une réunion de la Société de Recherches psychiques de Londres.

La « cross-correspondence », dit-il, c'est-à-dire la réception par un médium d'une partie de communication et de l'autre partie par un autre médium, chacune de ces parties ne pouvant être comprise sans le secours de l'autre, est une bonne preuve qu'une même intelligence agit sur les deux automatistes. Si, en outre, le message porte la caractéristique d'un défunt et est reçu à ce titre par des personnes qui ne le connaissaient pas intimement, on peut y voir la preuve de la persistance de l'activité intellectuelle du disparu. Et si l'on obtient de la sorte un morceau de critique littéraire entièrement conforme à sa manière de penser et qui ne saurait être imaginé par une tierce personne, je dis que la preuve est convaincante. Telles sont les espèces de preuves que la société peut communiquer sur ce point.

Après avoir parlé des efforts tentés dans ce sens par les Esprits de Gurney, Hodgson et Myers, en particulier, l'orateur ajoute :

Nous trouvons que leurs réponses à des questions spéciales sont faites d'une façon qui caractérise leur personnalité et révèle des connaissances qui étaient de leur compétence.

La cloison qui sépare les incarnés des désincarnés - dit-il pour conclure - tient encore ferme, mais elle se trouve amincie en maint endroit. Comme les travailleurs d'un tunnel, nous entendons, au milieu du bruit des eaux et des autres bruits, les coups de pics de nos camarades de l'autre côté.

*
* *


1 Voir les Proceedings R. S. P.


2 La Survivance humaine, par sir OLIVER LODGE, traduit de l'anglais par le docteur Bourbon. Paris, 1912. Félix Alcan, éditeur.


3 Voir mon livre Dans l'Invisible. Spiritisme et médiumnité.


4 Voir Revue spirite, novembre 1894, avec le fac-similé, et les ouvrages du colonel de ROCHAS : Extériorisation de la sensibilité et Extériorisation de la motricité. Voir aussi les ouvrages de G. DELANNE et H. DURVILLE sur les Fantômes des vivants, relatant de nombreuses expériences de dédoublement.


5 Voir Christianisme et Spiritisme et Dans l'Invisible.


6 Voir le Psychisme expérimental, par ERNY, p. 145.


7 Revue scientifique et morale du Spiritisme, décembre 1911.


8 Voir Annales des Sciences psychiques, février 1908.


9 J. MAXWELL, Phénomènes psychiques, p. 260.