L'épine dans l'oeil.

Un jour, un pauvre agriculteur arriva devant la porte du Collège Allan Kardec à la recherche d'Euripide, une épine d'acrocomia enfoncée dans l'oeil droit. L'élève Jerônimo alla à sa rencontre et dit :

- Mon Dieu ! Comment est-ce arrivé ?

- J'étais dans le bois dru et je n'ai pas vu l'arbre. Monsieur Euripide est-il là ?

- Venez avec moi. Je vais vous aider.

Le jeune garçon conduisit le malheureux agriculteur dans la cour du collège où le médium, assis sur un banc, avait l'air de méditer...

- Professeur, ce monsieur a une épine dans l'oeil !

- Asseyez-vous ici, dit Euripide. Hum ! C'est grave... En plus de l'épine, il y a quelques accrocs latéraux... L'oeil peut se percer si je la retire...

- Ah ! Mon Dieu, que faire ? gémit l'agriculteur, le sang coulant abondamment sur son visage.

- C'est ce que nous allons voir maintenant, répondit le médium. Allons tous les trois à la grande salle du collège.

Ils gravirent les marches de l'escalier. Euripide prit alors un crayon et du papier, s'assit, puis évoqua le docteur Bezerra de Menezes. Après quelques secondes, sa main écrivit par psychographie le message suivant : Prenez la pince et retirez l'épine. Il n'y a pas danger de percer l'oeil. Il y aura juste une hémorragie. Bezerra de Menezes. Mais Euripide n'eut pas le courage... L'oeil pouvait se percer... Mentalement, il interrogea de nouveau l'esprit. La réponse vint sur une autre feuille de papier : Faites ce que je vous ai indiqué. Euripide obéit : il prit la pince et retira l'épine, ce qui provoqua comme prévu une petite hémorragie.

- Je ne m'attendais pas à cela ! s'exclama Jerônimo. J'étais sûr que l'oeil allait se percer !

- Le cas semblait difficile et pourtant il a été si facile... Que le docteur Bezerra m'excuse, mais je le redoutais aussi... Dans ce monde, nous avons beaucoup à apprendre, monsieur Jerônimo...

Euripide à deux endroits en même temps.

Ce cas ressemble au précédent, mais comme nous le verrons, il est plus complexe. Le dentiste José Gonçalves Novelino1 habitait avec son épouse Joséphine Mello dans une petite ville aujourd'hui appelée Delfinópolis (Minas Gerais). Spirite très charitable, il y avait installé une pharmacie homéopathique pour assister les malades sans ressources.

Un jour, on l'appela pour secourir un fabricant de feux d'artifices qui avait reçu un fragment dans l'oeil à la suite d'une explosion... Le cas était grave.

- Retirez le fragment docteur, avec votre pince de dentiste, supplia le malheureux.

Novelino refusa. On voyait à peine le corps étranger entre les stries de sang et il craignait d'introduire la pince dans l'oeil de Joaquim Araujo... Mais il conseilla au mulâtre de demander à Jésus de permettre la venue chez lui d'Euripide, en tant qu'esprit.

- Faites une prière. Demain matin vers huit heures, je serai là avec mon matériel chirurgical pour retirer le fragment au cas où l'esprit d'Euripide ne serait pas venu...

Avant de partir, il lui administra une passe magnétique.

Le lendemain, à sa surprise, José retrouva le mulâtre qui l'attendait devant la porte.

- L'homme a déjà fait le travail, docteur ! Il est venu !

Puis, content, il déplia une ouate et lui montra le fragment.

- Il vient de partir et a dit qu'il vous attend sous l'arbre à huile de la petite place...

- Etes-vous sûr que c'était Euripide Barsanulfo ?

- Qui d'autre pouvait-ce être ? L'homme ressemblait à celui dont vous m'avez parlé.

Le dentiste le salua et se rendit jusqu'à l'arbre à huile (copaïer). Euripide le conseilla alors au sujet du mouvement spirite local, lui recommanda de faire des pansements sur l'oeil du patient, et disparut soudainement.

L'accident avec une arme à feu.

Un jour, un campagnard fut atteint par une balle de revolver dans la fesse ; on l'amena rapidement chez le pharmacien connu sous le nom de "Neto", gendre du président du Conseil Municipal de Sacramento le colonel José Afonso de Almeida. Après avoir examiné la blessure, Neto renvoya le campagnard en disant :

- Je ne peux pas extraire la balle. Je ne vois pas où elle est. Ce travail, seul Euripide Barsanulfo peut le faire. Allez le voir.

Le médium aida le campagnard, entouré de curieux, à entrer dans sa pharmacie.

- L'arme vous appartient, affirma Euripide.

- Oui monsieur, confirma le campagnard. Le revolver est à moi.

- Le coup de feu a été accidentel.

- Oui, monsieur.

- Vous ne savez pas comment le revolver a pu se déclencher seul, n'est-ce pas ?

- Non monsieur. Mais comment savez-vous tout cela si vous n'étiez pas chez moi ?

- Les esprits sont en train de me le dire. Baissez votre pantalon.

Euripide observa l'ouverture provoquée par la balle, et sous l'influence du docteur Bezerra de Menezes, il mit le doigt à l'endroit exact où elle se trouvait : quarante centimètres plus bas.

- La voilà ! Elle est cachée ici... dans la cuisse...

Avec un bistouri, il fit une profonde coupure, introduisit la pince et retira le projectile.

Les deux tumeurs.

Madame Elvire Cândida Borges (mère de Manuel, de Margarida et de Zenon Borges, disciples d'Euripide) glissa dans sa chambre quelques jours après son accouchement, et suite à la chute, deux tumeurs se formèrent au ventre, grosses comme une orange. A cette époque, Euripide était très jeune et ne pratiquait pas la médiumnité ; mais pour la consoler, il fit une prémonition qui devait s'accomplir après de longues années.

- Ecoutez madame, un jour je vous guérirai !

Treize ans plus tard, le médium déjà confirmé rencontra madame Elvire une après-midi près du collège Allan Kardec et lui dit :

- Couchez-vous plus tôt ce soir, car j'irai chez vous en esprit à neuf heures pour vous guérir. Ne vous inquiétez pas car vous ne sentirez rien. Vous ne me verrez pas non plus.

- Mes tumeurs sont énormes !

- Je sais, mais si vous avez foi en Jésus, vous vous réveillerez demain sans elles.

Le lendemain, madame Elvire était débarrassée des ses tumeurs...

Comment l'esprit du médium a-t-il pu extraire des tumeurs grosses comme une orange si son périsprit n'était pas devenu tangible ?

La matière n'est pas un obstacle pour les esprits, qui peuvent même modifier ses propriétés. La pénétrabilité étant l'une des caractéristiques du périsprit, Euripide n'avait donc aucune difficulté à désagréger les atomes constituant les tumeurs de madame Elvire, et ainsi à les faire disparaître.

La guérison du bébé.

Odilon José Ferreira (dentiste et disciple d'Euripide) m'a raconté qu'en 1908 il avait déménagé avec sa famille de Frutal à Sacramento. Son fils nouveau-né Jean pleurait jour et nuit, et la mère d'Odilon découvrit que c'était parce qu'il n'urinait pas. Pourquoi le bébé n'arrivait-il pas à uriner ? On l'amena alors chez Euripide qui dit :

- Allons à la pharmacie.

Là-bas, le médium s'assit, se concentra quelques secondes, et prit le bistouri en souriant.

- Qu'allez-vous faire ?

- C'est simple. Il va uriner tout de suite.

Il demanda alors à Josie, soeur d'Odilon, de déshabiller le bébé. Ensuite, il donna un coup sec sur le prépuce du bébé et expliqua :

- L'urètre était fermé par une pellicule. Il va uriner dans moins d'une minute. Attendons.

Puis, le bébé lâcha l'urine retenue depuis le premier jour de sa naissance.

L'enfant et la gangrène.

Monsieur Angelo Ribas Sobrinho est dentiste. Dans l'introduction de cet ouvrage, j'ai déjà cité les circonstances dans lesquelles je l'ai connu à Uberaba, au siège de la Communion Spirite Chrétienne (en présence de Chico Xavier). Il m'a raconté que dans son enfance, il avait eu une énorme blessure à sa jambe et que les médicaments étaient vains. Elle empirait de jour en jour, se remplissait de taches noires et avait une odeur putride. Le médecin José Ferreira décida alors de l'amputer. Il n'y avait pas de doutes : la jambe était gangrenée. Le capitaine José Ribas, son père, était d'accord et on fixa la date.

Mais le gamin, épouvanté, s'enfuit en prenant un train jusqu'à Conquista. Puis il continua à pied pour rejoindre Euripide, son professeur à Sacramento.

- Prions, mon fils. Dieu peut t'aider, dit le médium pendant qu'Angelo, en larmes, l'embrassait.

Le traitement dura exactement vingt et un jours.

- La plaie s'est cicatrisée, et je n'ai plus jamais eu de problème avec ma jambe, malgré les cinquante années qui se sont écoulées depuis ! me dit M. Angelo.

Le cas de Maria Modesto Cravo.

Un cas similaire, remarquable à cause de problèmes d'obsessions, a été vécu par Maria Modesto Cravo, une dame très estimée du mouvement spirite d'Uberaba pour sa mission.

Ecoutons le médecin Inácio Ferreira2, directeur du Sanatorium Spirite d'Uberaba édifié par Maria Modesto Cravo avec l'aide du peuple :

En 1916, à Uberaba, une dame tomba malade, prise de folie.

Sa famille, pauvre mais unie par des liens fraternels, fit tout ce qui était possible pour soulager celle qu'un déséquilibre mental astreignait à une surveillance constante.

Ils l'amenèrent chez un premier médecin, un second... un cinquième, et les ressources de leur science n'aboutirent à aucun soulagement.

L'état de l'infirme s'était tellement aggravé qu'il ne restait aucun espoir de rétablissement. Son médecin traitant avait dit à la famille qu'il ne pouvait plus rien faire, mais qu'à son retour d'un voyage à Rio de Janeiro, il reviendrait la voir par solidarité envers la famille. Si en son absence elle manifestait des crises plus violentes, ils devaient l'enfermer dans une chambre renforcée : ce qui fut fait.

Le lendemain, l'état de santé de l'infirme s'était aggravé, sa jambe gauche était enflée et présentait d'énormes taches violacées. Inquiète, la famille retourna au cabinet du médecin qui, après un long et minutieux examen, dit :

- Malheureusement, les symptômes sont caractéristiques de la gangrène, et seule l'amputation de la jambe pourra y remédier. Je vous conseille de chercher un médecin chirurgien, car le cas est maintenant de son ressort.

Face à ce sombre diagnostic, la famille envoya un télégramme à Euripide, qui répondit aussitôt en demandant que l'on amène l'infirme à Sacramento, où elle se rendit le lendemain, avec beaucoup de difficultés.

Le soir même, dans sa résidence et avec son sourire habituel, Euripide les consola et les tranquillisa. Elle allait guérir de son déséquilibre mental, et la gangrène n'était qu'un effet de l'action d'un esprit obsédant !...

Deux jour plus tard, l'eau magnétisée passée sur la jambe suffit à faire disparaître la gangrène, et dix-huit jours plus tard, elle était complètement délivrée de son déséquilibre mental !

Analysons le témoignage du médecin Inácio Ferreira. Par l'application d'eau magnétisée, la jambe condamnée était guérie après deux jours. Ceci démontre une fois de plus le remarquable pouvoir magnétique des fluides d'Euripide !

La main amputée.

Dans l'introduction, j'ai dit qu'Euripide avait amputé la jambe du major Antônio Goulart. Eh bien ! Ce cas n'est pas une exception dans la phénoménologie présentée par l'apôtre de Sacramento. Voici deux autres cas.

Le vieux fermier Fajardo possédait une sucrerie, alimentée par une chaudière à bois, où il fabriquait de la rapadura3 et du sucre rond, très utilisés à l'époque.

Un jour, en introduisant la canne dans le moulin, il eut un moment de distraction et l'une des ses mains fut entraînée et écrasée jusqu'au poignet. Alertés par les cris, les serviteurs vinrent à son secours et amenèrent Fajardo à la pharmacie d'Euripide devant laquelle les gens s'aggloméraient...

Le médium, sous l'influence du docteur Bezerra de Menezes, demanda alors à Amália d'aller rapidement à la boucherie et de rapporter une scie... Puis, devant tous les curieux (parmi lesquels Angelo Ribas Sobrinho et Odilon José Ferreira), il empoigna la scie et réalisa l'amputation. Ensuite, il nettoya et pensa la plaie.

Euripide Barsanulfo n'avait employé ni anesthésiants matériels ni sutures. De plus, il n'avait pas étiré la peau pour recouvrir les os, mais trente jours plus tard, ils étaient couverts et la cicatrice était droite !

Le détail suivant ne peut être compris qu'en admettant ce que l'on appelle le "reflet magnétique sur le périsprit". Une demi-heure après l'acte chirurgical, sans douleur, le fermier se plaignit soudainement d'une forte piqûre dans la paume de la main qui avait été amputée... Euripide répondit inopinément :

- Je comprends pourquoi vous avez mal. Le docteur Bezerra de Menezes m'en a montré la cause.

Il appela alors les jeunes gens qui avaient enterré la main amputée dans une boîte à cigares et leur dit :

- Déterrez la boîte en bois et retirez le clou qui est enfoncé dans la paume de la main. Puis enterrez-la de nouveau.

Les jeunes gens obéirent, et ils trouvèrent effectivement un clou enfoncé dans la main ! Ils le retirèrent et monsieur Fajardo ne se plaignit plus de douleurs.

Evidemment, comme l'amputation avait été réalisée quelques minutes avant, il y avait encore une liaison magnétique entre la main amputée et la main périspiritique de monsieur Fajardo.

Le bras amputé.

Voici un nouveau cas d'amputation, lié à une prémonition.

Toniquinho Buta était très connu à Sacramento. Un jour, après un accident du tramway qui faisait le parcours de Sacramento à la Gare du Cipó, apparut une tumeur sur son bras qui gangrena rapidement. Il se rendit chez Euripide et reçut les conseils suivants :

- Il faut amputer. Il n'y a pas d'autre moyen, mon fils. Mais tout se passera bien. Ayez confiance en Jésus et aux bons esprits !

Puis, en aparté, le médium dit à l'épouse de Toniquinho et son vieux père :

- Il vivra longtemps et se désincarnera de la toux...

Il demanda ensuite à Amália d'emprunter une fois de plus la scie du boucher, en lui présentant des excuses. En revenant, Amália eut du mal à entrer dans la pharmacie ; des dizaines de femmes et d'hommes en obstruaient l'entrée. Euripide retira alors sa veste et en transe, il prit le bistouri et incisa la chair à la hauteur de l'articulation du bras. Toniquinho ne gémit pas une seule fois. Ensuite, le médium prit la scie, scia l'os et mit le bras gangrené dans du formol.

Comme prévu par Euripide, Toniquinho se désincarna longtemps après, de tuberculose...

Une prémonition dramatique.

M. Moisés Santana, avocat et journaliste renommé d'Uberaba par ses articles pertinents, avait amené son épouse chez plusieurs médecins mais son état empirait de cabinet en cabinet. Il décida alors d'aller à Sacramento et de demander une ordonnance médiumnique à Euripide Barsanulfo. Cependant, en entrant dans la pharmacie pour parler avec le médium, les médicaments étaient déjà prêts, et Euripide lui dit :

- Votre épouse guérira avant même de terminer les médicaments, mais vous devez partir d'Uberaba le plus rapidement possible ! Si vous ne le faites pas, vous pourrez être assassiné.

- Pourquoi me dites-vous cela ?

- Saint Augustin me demande de vous prévenir.

Le journaliste retourna à Uberaba et donna les médicaments à son épouse. Elle guérit, mais il resta dans la ville et deux semaines plus tard, il fut assassiné par le docteur Jean Henrique, médecin et député d'Uberaba.

Une autre prémonition dramatique.

Un jour au collège, Euripide ferma les yeux et après la transe, il dit à ses élèves :

- Je viens d'avoir une vision horrible ! J'ai vu une scène qui se produira dans cette rue. Elle mêlera des gens que nous connaissons et que nous aimons. Mon Dieu, quelle image douloureuse les esprits m'ont montré ! La ville en sera étourdie !

Une semaine plus tard, la vision prémonitoire s'accomplissait. Adalgiso Dornelo, ancien élève d'Euripide, était allé chez le barbier et en se disputant pour des questions d'argent avec le barbier connu sous le nom de Bibío, il l'atteignit d'un coup de feu. Bibío s'écroula et Adalgiso se mit à tirer sur les gens qui s'approchaient. L'une des balles atteignit Edmond Ferreira, le premier photographe de Sacramento et propriétaire de la maison où était installée la boutique du barbier. Sa désincarnation fut instantanée.

Edmond Ferreira était marié avec une cousine d'Euripide et peu de temps après l'enterrement, encore dans le trouble, il apparut à la pharmacie et demanda :

- Euripide, pourquoi ma famille me rejette-t-elle ? Je parle et personne ne me regarde, ni me répond... Pourquoi agissent-ils ainsi envers moi ?

- Vous vous êtes désincarné, Edmond. Regardez, le docteur Bezerra de Menezes vient d'arriver. Accompagnez-le, et priez !

Mentalement, Euripide pria lui aussi !

La tentative de meurtre contre Euripide.

A six heures du soir, alors que les élèves s'étaient déjà retiré du collège, Euripide montait au grand salon avec des personnes qui avaient besoin de passes. Des médiums de Sacramento et de la ferme Santa Maria collaboraient à ces réunions.

Les passes terminées, Euripide entrait en transe et Saint Augustin terminait la séance par une exhortation évangélique. Pendant l'une de ces séances très concourues eut lieu un événement tragique. Le télégraphiste Carlos Viote, poussé par les ténèbres, entra soudainement dans le salon et pointa un revolver vers Euripide en transe... Il y eut un grand tumulte, mais Saint Augustin dit tranquillement au télégraphiste :

- Baissez l'arme, au nom de Jésus !

Carlos Viote entra alors dans une étrange convulsion, se courba et tomba au sol.

- Ne le touchez pas. Nous retirons l'esprit qui l'obsède, avertit Saint Augustin.

Quelques secondes plus tard, Carlos Viote retrouvait la conscience. Le commissaire de Sacramento, qui assistait à la séance, voulait l'arrêter mais Saint Augustin conseilla de le laisser en liberté et ajouta :

- Prions pour lui et pour les esprits obsédants. La liberté est nécessaire à Carlos Viote pour l'accomplissement de sa destinée.

Euripide ouvrit alors les yeux. On lui raconta ce qui s'était passé.

- Pourquoi Saint Augustin avait-il dit que la liberté était importante pour l'accomplissement du destin de Viote ?

- Je ne sais pas, répondit Euripide. Le temps le dira...

Le télégraphiste Carlos Viote était une proie facile des ténèbres. Il vivait dans les bars, aimait boire et se mêlait constamment dans des bagarres. Quelques années après l'incident du collège, il se désincarna tragiquement dans la résidence de son beau-père, atteint par deux balles de revolver tirées par Angelino de Almeida : l'une perça sa montre de poche et l'autre l'atteignit à la poitrine. La loi de cause à effet s'accomplit. Euripide, appelé par les passants, trouva Carlos Viote en train d'agoniser. En voyant le médium déboutonner sa chemise, il dit dans un souffle :

- J'ai essayé de vous tuer deux fois... J'étais au bar d'Aristobule. Mais vous, je ne sais pas comment, vous avez disparu de ma vue... Je ne sais pas pourquoi j'ai fait cela... Trois fois j'ai attenté contre votre vie et c'est vous qui venez à présent me secourir...

Euripide fit une prière et Carlos Viote se désincarna dans ses bras.

L'apparition et l'épouse.

Il est naturel que les personnes regrettent la perte d'êtres chers. Mais ils ne sont pas partis pour toujours ! Ils s'efforcent même de donner des preuves que la vie continue. Ils n'y arrivent pas toujours pour diverses raisons, par exemple, le manque de préparation psychologique de ceux qui sont restés "de ce côté", comme l'illustre le fait suivant.

Odilon José Ferreira me dit que son père s'était désincarné en 1910. Quelques semaines plus tard, par nostalgie de son épouse, il se présenta matérialisé avec un bouquet de myosotis devant son ami Euripide, et dit :

- Monsieur Euripide, pensez-vous que je peux apporter ces fleurs à Francisca ? J'aimerais qu'elle ait la certitude que je suis toujours vivant. Elle est catholique, vous le savez...

Ancienne photographie sans retouches montrant les traits physiologiques d'Euripide Barsanulfo.

Le médium sourit et lui recommanda de s'éloigner immédiatement si madame Francisca s'effrayait. L'esprit disparut et un kilomètre plus loin, il réapparut totalement matérialisé. Madame Francisca était assise dans le salon et cousait. L'esprit s'approcha avec le bouquet de myosotis. Le choc émotionnel fut très fort : son épouse n'était pas préparée et en le voyant, elle cria et perdit connaissance... Sa fille Josie courut à la pharmacie et appela Euripide. Comme madame Francisca était catholique, elle ne lui révéla pas la cause de sa perte de connaissance, et Euripide ne lui demanda pas non plus...

Quelques jours plus tard, madame Francisca était allée passer quelques jours chez son fils dans la ville voisine de Franca. L'esprit revint alors chez Euripide et lui dit qu'il allait tenter une fois de plus d'offrir les fleurs à son épouse...

- D'accord, mais n'oubliez pas la recommandation que je vous ai faite... répondit le médium.

Voici le récit de l'épilogue par le témoin Odilon José Ferreira, fils de madame Francisca :

Lorsque papa apparut devant ma mère, elle faillit mourir de peur et décida de rentrer à Sacramento. Euripide, inquiet, fut à sa rencontre, ce qui eut lieu à Jaguara où les trains se croisaient. Il revint avec ma mère à Sacramento. Pendant le voyage, ma mère décida de raconter le fait à Barsanulfo en lui demandant de conseiller à mon père de ne plus tenter de lui amener les myosotis, car elle avait peur. Mon père, prévenu, n'insista plus.

Le cas d'Azarias Arantes.

Azarias Arantes, cousin du poète Altino Arantes qui était alors gouverneur de l'état de Sao Paulo, résidait à Igarapava et était percepteur de l'état. Il souffrait de douleurs à la colonne vertébrale et malgré le traitement des médecins de Sao Paulo et Rio de Janeiro, il dut abandonner son travail. La maladie s'aggrava et il n'arrivait plus à se lever du lit. Dépérissant de jour en jour, il vécut longtemps avec cette infirmité jusqu'au jour où quelques amis pris de pitié le conduisirent à Sacramento sur une litière.

Euripide lui prescrivit deux médicaments et appliqua des passes médiumniques quotidiennes dans la pension où il logeait. Peu après, il quitta le lit et reprit son travail, mais il n'oublia pas les prédications évangéliques de l'apôtre dont il devint un grand ami. Puis, il fonda à Igarapava un centre spirite en amenant chaque mois à Sacramento des personnes malades. Au cours du procès contre Euripide, Azarias Arantes se présenta en tant que témoin de la défense.

Euripide et la petite fille médium.

Voici un autre cas remarquable. La petite Rita, de la Ferme Palhares, fut amenée à Sacramento pour être soignée par Euripide. Elle avait deux problèmes : son corps était envahi par le pemphigus, et Rita s'était révélée subitement un remarquable médium à effets physiques, au grand étonnement de ses parents... Par son intermédiaire se produisait le phénomène de la "voix directe" : l'ectoplasme émanait de la petite fille, et l'esprit formait les cordes vocales, réussissant ainsi à articuler des mots. L'esprit qui se manifestait était le guide de Rita et répondait aux questions qu'on lui posait, donnant ainsi des preuves de la survie.

Euripide prit soin de Rita, mais prévint ses parents que la désincarnation était proche, en ajoutant :

- Il est impossible d'éloigner l'esprit. Il est bon et accomplit une mission avec l'enfant. J'aimerais d'ailleurs faciliter sa mission qui s'accomplira dans quelques jours... Si vous m'y autorisez...

L'apôtre, avec la permission des parents, mit la petite infirme dans une maison vide et permit, selon un horaire fixe, que le public lui rende visite... L'esprit répondait aux questions, même formulées mentalement, sans commettre d'erreurs. L'information se propagea dans toute la ville, et même les béats, contrariant les prêtres de la paroisse, ne résistèrent pas à la curiosité et visitèrent Rita... Le phénomène dura peu de temps. Quelques jours plus tard, la petite fille médium se désincarna, assistée avec beaucoup d'amour par l'apôtre de Sacramento.

La tuberculose.

Oscar Tolentino Bagueira Leal me raconta que sa constitution physique avait toujours été très fragile et qu'en 1913, dans sa jeunesse, apparurent les premiers symptômes de la tuberculose : fièvre, toux, et amaigrissement persistant... Après trois années, les poumons étaient minés, les hémoptysies se succédaient. Il fut déclaré inguérissable par les médecins de Sao Paulo. Un ami de la famille conseilla de l'amener à Sacramento. Euripide pourrait peut-être le guérir.

Oscar ne put me dire quels médicaments le médium lui avait fourni gratuitement pendant des mois. Mais parallèlement au traitement physique, Euripide avait réalisé un traitement médiumnique par de l'eau magnétisée et des passes. Ce sont certainement les passes qui le guérirent, car il n'y avait pas en 1916 de drogues spécifiques contre la tuberculose, maladie qui provoquait alors le plus de décès sur tout le globe.

Mon ami Oscar, spirite convaincu, se désincarna à près de quatre-vingts ans.

La mère d'un journaliste spirite.

Ce témoignage provient du dentiste Agnelo Morato, rédacteur du mensuel spirite "A Nova Era" (La Nouvelle Ere) de la ville de Franca. Il est intitulé "Face à la vérité" et il s'agit de la "confession d'un fils face à la guérison de sa mère obtenue à Sacramento par Euripide Barsanulfo".

Dans la lettre accompagnant le témoignage rédigé spécialement pour ce livre, Agnelo Morato dit : "Je vous fais confiance pour les corrections". Mais pour une question d'authenticité, je n'ai pas déplacé une seule virgule. Quelques phrases paraîtront confuses, car elles ont été écrites sous une forte tension émotionnelle. Elles seront comprises dans leur contexte.

L'année 1914 touchait à sa fin. Mes parents Domingos Sarto Morato et Joséphine Trócoli résidaient à Franca. A cette époque, ma mère eut des jumelles. Son accouchement fut difficile et assisté par une sage-femme inexpérimentée qui demanda la présence d'un médecin. Le médecin arrêta difficilement une forte hémorragie. L'accouchée était très affaiblie et son état empira lorsqu'elle apprit que les fillettes (Floripède et Angélique) ne survécurent pas plus de quinze jours. Le choc émotionnel provoqua un profond choc psychique et son affaiblissement s'aggrava.

Son état physique s'était aggravé à un tel point que son médecin traitant le Dr. Paiva décida de convoquer le corps médical. Il jugea nécessaire d'obtenir un diagnostic précis de l'infirmité de ma mère. Ainsi, des médecins renommés de Franca participèrent à cette consultation et aux examens correspondants : le Dr. Walfrido Maciel et le Dr. Hortêncio Mendonça. Il en résulta une froide déclaration que la malade était atteinte d'une tuberculose irréversible. Une vague de désespoir avait envahi notre maison ! A l'époque, un tuberculeux était fatalement condamné à mort ! Les riches pouvaient au mieux ajourner leur mort en partant vers des climats propices. Mais les pauvres (mon père était ouvrier) n'avaient qu'une solution : isoler les malades dans leur foyer. Ainsi, nous devions suivre les recommandations du médecin pour éviter la contagion. C'est ce que nous avions fait : les assiettes, le lit, la chambre de l'infirme furent séparés de la famille. Quel épisode douloureux : deux enfants (moi et ma soeur Marinha Morato) ne pouvant fréquenter leur mère au non de la survie. La transmission du mal était plus redoutée que le propre bacille de Kock ! C'était des jours noirs pour un enfant de quatre ans, alors qu'il avait besoin de la tendresse maternelle. Ma pauvre soeur (désincarnée en 1933), entrait en cachette dans la chambre isolée pour embrasser sa mère en pleurs ! Mon père, un révolté travaillant dix heures par jour, ne maîtrisait pas ses blasphèmes. Anticlérical par sa nature rude, il avait aussi une tendance pour le parti anarchiste mené par l'exaltation de Bakounine en Russie, et adouci par le socialisme de Francesco Nitti en Italie. Il n'admettait pas les consolations spirituelles des personnes qui essayaient de le mettre de bonne humeur.

Voilà la situation affligeante de notre foyer, en cette période d'épreuves pénible pour tous ! Sans mère, condamnée par la terrible maladie et dont ni même les médicaments atténuaient les crises aiguës, le savoir-faire nous manquait souvent à la maison car il n'y avait même pas de quoi mettre sur le feu. A cette époque très difficile, un frère de ma mère nous rendit visite. C'était l'oncle Francisco Trócoli qui résidait en ce temps-là à Sacramento. Il était venu voir sa soeur malade. Connaissant la situation, il conseilla à mon père de l'amener sans attendre chez Euripide pour une consultation. Mon père y fut hostile, sceptique qu'il était... Mais l'oncle Chico le détourna de son pessimisme. Il lui demanda d'entrer au moins en contact avec le célèbre thaumaturge du Triangle Mineiro4. A cette époque, le nom du médium de Sacramento était déjà un signe d'espoir pour une cohorte de souffrants. Toute cette région du Brésil avait eu des nouvelles catégoriques de ses guérisons extraordinaires. Pour cette raison, l'argument de notre parent prit le dessus. La résistance avait cédé place à la tentative d'une expérience supplémentaire. Ainsi, au début de 1915, ma mère fut amenée à Sacramento dans un état très grave. Le jour de son arrivée, on lui communiqua qu'Euripide viendrait la voir après la réunion au Collège Allan Kardec, car elle ne pouvait plus marcher telle était sa faiblesse organique. C'était un soir du mois de février.

Ma mère, épuisée et presque sans voix, se mit alors à vociférer comme si quelque chose lui prenait les cordes vocales. Elle criait et protestait, ne permettant pas la présence de cet homme auprès d'elle. Elle était catholique et ne pouvait renoncer à ses principes religieux. Quelques heures plus tard, Barsanulfo entra dans la maison de l'oncle Chico Trócoli. Il se rendit jusqu'à la chaise où se trouvait la malade. Avec amour et tendresse, il prit ses mains pâles et décharnées et initia un endoctrinement. En sortant, le médium recommanda à ma tante Sinhá de Castro, de prier beaucoup pour l'infirme. Il demanda aussi à mon père de l'accompagner afin de rapporter à ma mère les médicaments dont elle nécessitait. Tout provenait de la pharmacie qu'il maintenait derrière la maison commerciale de son père Monsieur Mogico. En cours de route, Euripide parla au coeur de cet homme désillusionné : "Votre épouse peut guérir. Elle est victime d'une obsession. A cause de sa faiblesse générale, elle a été une proie facile pour les esprits souffrants. Tout peut s'arranger, mais tout dépend aussi de votre collaboration active. Avant tout, mon frère, (mon père écoutait ainsi pour la première fois l'évocation fraternelle de cette créature) avant tout, il vous faut combattre vos idées matérialistes qui vous font prendre des attitudes contraires aux lois de Dieu..."

Le rétablissement de ma mère et la dissipation de l'influence anarchique de mon père commencèrent le même jour. Cet homme, exclu et révolté, se considérant victime d'une injustice, prit ce jour-là une décision victorieuse. Malgré une culture primaire et peu de connaissances au-delà de l'alphabet, il chercha à s'enquérir du spiritisme. Ainsi, mes yeux d'enfant le virent souvent captivé par la lecture des oeuvres d'Allan Kardec recommandées par Euripide. Il s'intéressait aux leçons contenues dans ces pages magistrales jusqu'aux heures très tardives, car pendant la journée il allait gagner le pain pour la subsistance de la famille.

Il nous répétait souvent : "Ce soir là, ma rencontre avec Euripide dans la maison du beau-frère Chico m'a fait trouver le chemin de Damas."

Plus tard, ma mère déjà rétablie racontait à beaucoup de gens sa frayeur lorsqu'elle vit pour la première fois ce missionnaire du bien. Elle disait : "Lorsque j'ai su qu'il était spirite, les avertissements de mon confesseur le prêtre Marciano se sont réveillés en moi. Il disait que le spiritisme était une oeuvre du démon et que les catholiques devraient s'insurger contre cette doctrine délétère. En le voyant entrer dans la maison de mon frère Chico et marcher vers moi, je n'ai pas vu un homme mais plutôt un affreux fantôme couvert de larves. Cependant, à mesure qu'il s'approchait les bêtes dégoûtantes s'en détachaient et tombaient par terre en faisant des bruits similaires à des craquements de branches sèches. Lorsqu'il a pris mes mains et m'a parlé affablement, j'ai senti son regard tranquille et suave. Ainsi, tout ce que j'avais vu avant s'était défait et je l'ai vu dans sa sympathie illuminée pleine de paix".

A noter que ma mère, qui fut la personne de notre famille la plus bénéficiée par le Spiritisme, ne se déclara jamais spirite. Elle resta catholique, mais elle eut toujours un profond respect pour Euripide Barsanulfo. La tuberculeuse de 1915, condamnée irrémédiablement par un corps médical, se désincarna d'une insuffisance cardiaque le 22 septembre 1956, quarante et un ans plus tard !

En même temps, mon père, le révolté, l'anarchiste, l'anticlérical irréversible était devenu un spirite sincère bien qu'avec des limitations : il n'était pas vraiment chrétien dans le vrai sens du mot car il s'insurgeait toujours contre les excès et les injustices des hommes. Cependant, il défendit fidèlement et avec intransigeance les postulats de la Troisième Révélation. Pour cette raison, comme fils unique, humble et sans mérite, j'ai trouvé mon chemin dans cette incarnation en restant fidèle à cette vérité, conscient de mes défauts d'esprit débiteur. En réalisant un travail pour le spiritisme, je le fais toujours en louange et en reconnaissance à l'exceptionnel Apôtre du Triangle Mineiro : l'inoubliable Euripide Barsanulfo.


1 Père de madame Corina Novelino, directrice du Collège Allan Kardec de 1944 à 1964.


2 "Subsídio para a história de Eurípedes Barsanulfo" (Subside pour l'histoire d'Euripide Barsanulfo), d'Inácio Ferreira, pages 19 et 20. Edition de l'auteur, 1962, Uberaba.


3 N.d.T.: Barre à base de sucre de canne.


4 N.d.T.: Région de l'état de Minas Gerais.