Automatisme.

M. Luys définit l'automatisme : Cette propriété que présentent les cellules nerveuses vivantes d'entrer spontanément en mouvement et de traduire d'une façon inconsciente, les états divers de la cellule mise en émoi. Autrement dit : L'activité automatique de toute cellule vivante n'est que la réaction spontanée de la sensibilité intime de la cellule, sollicitée d'une manière ou d'une autre.

C'est toujours la théorie de l'élément nerveux qui agit directement en vertu de ses forces intimes «motu proprio», et c'est aussi en équivoquant que l'auteur peut interpréter ce fait en sa faveur.

Il est incontestable qu'il se passe en nous des actions dont nous n'avons pas conscience. Les expériences de Charles Robin, faites sur le cadavre d'un supplicié, ont montré que les fonctions de la moelle se perpétuaient tant que la vie des éléments n'avait pas disparu, et cela avec autant de régularité que si le cerveau les avait dirigés.

Doit-on les attribuer aux propriétés intimes des cellules nerveuses ? Pour le savoir, recourons encore à Claude Bernard, qui s'exprime ainsi :

«Chez l'homme, il y a deux espèces de mouvements : 1° les mouvements conscients ou volontaires ; 2° les mouvements inconscients, involontaires ou réflexes (ou automatiques), car sous des noms divers c'est toujours la même chose.

«Le mouvement réflexe est un mouvement à l'exécution duquel concourent toujours trois ordres distincts d'éléments du système nerveux : l'élément sensitif, l'élément moteur et la cellule.

«Si l'on produisait un mouvement sans l'une de ces conditions, sans la participation de l'un de ces éléments, ce ne serait plus un mouvement réflexe. En effet, tout mouvement réflexe suppose trois choses bien distinctes : 1° une excitation du nerf sensitif dans un endroit quelconque de sa longueur ; 2° une excitation du nerf moteur qui se traduit par la contraction d'un muscle ; 3° un centre qui sert de transition et pour ainsi dire de trait d'union de ces deux éléments, de manière à produire l'irritation du second, sous l'influence du premier.»

Nous savons déjà que la matière vivante est inerte, que d'elle-même elle ne peut entrer en mouvement, les actions automatiques sont donc toujours dues à une irritation du nerf sensitif, qui transmet l'excitation à un nerf moteur au moyen de la cellule. C'est de cette manière que s'opèrent les actes de la respiration, de la contraction du coeur, de la digestion, etc., dans lesquels la volonté n'intervient pas habituellement ; néanmoins on a constaté qu'il existe un point placé dans le cerveau qui modère les actions réflexes.

L'âme manifeste donc toujours sa présence, soit d'une manière directe par les mouvements volontaires, soit d'une manière indirecte, dans les actions réflexes, par l'intervention des centres modérateurs.

L'argumentation de M. Luys se borne à des affirmations démenties par la science, de sorte que ses raisonnements, s'appuyant sur une base fausse, arrivent à des déductions en opposition formelle avec la vérité. Ni la sensation, ni la phosphorescence, ni l'automatisme, n'ont le sens et la portée que l'on veut leur prêter, et c'est au moyen de ces interprétations tronquées que la théorie matérialiste semble avoir une force qu'elle ne possède pas effectivement.