ESPRITS ET MEDIUMS

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I. - LE SPIRITUALISME EXPERIMENTAL
OU SPIRITISME. - APERÇU GENERAL.

De nos jours plus que jamais, le spiritisme attire l'attention publique. Il est fréquemment question de maisons hantées, de phénomènes télépathiques, d'apparitions, de matérialisations d'Esprits. La science, la littérature, le théâtre, la presse s'en mêlent tour à tour, et les expériences de l'Institut métapsychique, les attestations du grand écrivain anglais Conan Doyle, les enquêtes ouvertes par certaines feuilles parisiennes donnent à cette question un caractère d'actualité constante.

Examinons donc ce problème, et recherchons pourquoi le spiritisme, si souvent enterré, reparaît sans cesse et voit s'accroître de jour en jour le nombre de ses partisans.

N'est-ce pas là une chose étrange ? Jamais peut-être dans l'histoire, rien de semblable ne s'est produit. Jamais on n'avait vu un ensemble de faits, considérés d'abord comme impossibles, dont l'idée ne soulevait, en général, que l'antipathie, la méfiance, le dédain, faits qui étaient en butte à l'hostilité de plusieurs institutions séculaires, finir par s'imposer à l'attention et même à la conviction d'hommes instruits, compétents, autorisés par leurs fonctions et leur caractère. Ces hommes, d'abord sceptiques, en sont venus, par leurs études, leurs recherches, leurs expériences, à reconnaître et affirmer la réalité de ces phénomènes.

L'illustre savant anglais W. Crookes, connu dans le monde entier par sa découverte de la matière radiante, et qui, pendant trois ans, obtint chez lui des matérialisations de l'esprit Katie King, dans des conditions de contrôle rigoureux, disait, parlant de ces manifestations : " Je ne dis pas que cela est possible, je dis : Cela est. "

Oliver Lodge, recteur de l'Université de Birmingham, membre de l'Académie royale, écrivait : " J'ai été amené personnellement à la certitude de l'existence future, par des preuves reposant sur une base purement scientifique1. "

Frédéric Myers, professeur à Cambridge, que le congrès officiel international de psychologie de Paris, en 1900, avait élu président d'honneur, dans son beau livre : la Personnalité humaine, en arrive à cette conclusion, que des voix et des messages nous reviennent d'au-delà de la tombe. Parlant du médium Mrs. Thomson, il écrit : " Je crois que la plupart de ces messages viennent d'esprits qui se servent temporairement de l'organisme des médiums pour nous les donner. "

Le célèbre professeur Lombroso, de Turin, déclarait dans la Lettura : " Les cas de maisons hantées, dans lesquelles, pendant des années, se reproduisent des apparitions ou des bruits concordant avec le récit de morts tragiques, et observés en dehors de la présence de médiums, plaident en faveur de l'action des trépassés. " - " Il s'agit souvent de maisons inhabitées, où ces phénomènes se produisent parfois pendant plusieurs générations et même pendant des siècles2. "

M. Boutroux, le philosophe bien connu, en de brillantes conférences dissertait naguère sur les Esprits, sur les communications médianimiques, et assurait que " la porte subliminale est l'ouverture par où le divin peut entrer dans l'âme humaine ". " Parfois, dit-il, les révélations spirites sont si étranges qu'il semble bien que le sujet soit en communication avec des êtres autres que ceux qui lui sont normalement accessibles3. "

William James, recteur de l'Université Harvard, à New-York, l'éminent psychologue mort depuis quelques années, affirmait la vraisemblance des communications des défunts, dans son étude, parue en 1909 dans les Proceedings, au sujet de son ami décédé, Hodgson, qui venait l'entretenir par l'intermédiaire de Mme Piper. Il écrivait que " ces phénomènes donnent l'impression irrésistible que c'est réellement la personnalité d'Hodgson avec sa propre caractéristique, et que les sentiments des assistants étaient qu'ils conversaient avec le véritable Hodgson4 ".

C'est en Amérique que nous trouvons le foyer du spiritisme, ou spiritualisme moderne. En réalité, les phénomènes d'outre-tombe se rencontrent à la base de toutes les grandes doctrines du passé. Dans presque tous les temps, des rapports ont uni le monde invisible au monde des vivants. Mais, dans l'Inde, en Egypte et en Grèce, cette étude était le privilège d'un petit nombre de chercheurs et d'initiés ; les résultats en étaient soigneusement tenus cachés.

Pour rendre cette étude possible à tous, et faire connaître les véritables lois qui régissent le monde invisible ; afin d'apprendre aux hommes à voir dans ces phénomènes, non plus un ordre de choses surnaturel, mais un domaine ignoré de la nature et de la vie, il fallait l'immense travail des siècles, toutes les découvertes de la science, toutes les conquêtes de l'esprit humain sur la matière. Il fallait que l'homme connût sa véritable place dans l'univers, qu'il apprît à mesurer la faiblesse de ses sens, leur impuissance à explorer, par eux-mêmes et sans secours, tous les domaines de la nature vivante.

La science, par ses inventions, a atténué cette imperfection de nos organes. Le télescope a ouvert à notre regard les abîmes de l'espace ; le microscope nous a révélé l'infiniment petit. La vie nous est apparue partout, dans le monde des infusoires comme à la surface des globes géants qui roulent dans la profondeur des cieux. La physique a découvert les lois qui règlent la transformation des forces, la conservation de l'énergie et celles qui maintiennent l'équilibre des mondes. La radio-activité des corps a révélé l'existence de puissances ignorées et incalculables : rayons X, ondes hertziennes, radiations de toute nature et de tous degrés. La chimie nous a fait connaître les combinaisons de la substance. La vapeur et l'électricité sont venues révolutionner la face du globe, faciliter les rapports des peuples et les manifestations de la pensée, afin que l'idée rayonne et se propage sur tous les points de la sphère terrestre.

Aujourd'hui, l'étude du monde invisible vient compléter cette magnifique ascension de la pensée et de la science. Le problème de l'au-delà se dresse devant l'esprit humain avec puissance et autorité.

Vers la fin du dix-neuvième siècle, l'homme, déçu par toutes les théories contradictoires, par tous les systèmes incomplets qu'on lui présentait, se laissait aller au doute ; il perdait de plus en plus la notion de la vie future. C'est alors que le monde invisible est venu à lui et l'a poursuivi jusque dans ses demeures. Par des moyens divers, les morts se sont manifestés aux vivants. Les voix d'outre-tombe ont parlé. Les mystères des sanctuaires orientaux, les phénomènes occultes du moyen âge, après un long silence, se sont renouvelés ; le spiritisme est né.

C'est au-delà des mers, dans un monde jeune, riche d'énergie vitale, d'expansion ardente, moins assujetti que la vieille Europe à l'esprit de routine et aux préjugés du passé, que se sont produites les premières manifestations du spiritualisme moderne. De là elles se sont répandues sur le globe entier. Ce choix était profondément judicieux. La libre Amérique était bien le milieu le plus propice à une oeuvre de diffusion et de rénovation. Aussi, y compte-t-on aujourd'hui vingt millions de " modernes spiritualistes ".

Mais, d'un côté de l'Atlantique comme de l'autre, quoique avec des intensités diverses, les phases de progression de l'idée spirite ont été les mêmes.

Sur les deux continents, l'étude du magnétisme et des fluides avait préparé certains esprits à l'observation du monde invisible.

D'abord, des faits étranges se produisirent de tous côtés, faits dont on n'osait s'entretenir qu'à voix basse, dans l'intimité. Puis, peu à peu, le ton s'éleva. Des hommes de talent, des savants, dont les noms sont autant de garanties d'honorabilité et de sincérité, osèrent parler tout haut de ces faits et les affirmer. Il fut question d'hypnotisme, de suggestion ; puis vinrent la télépathie, les cas de lévitation et tous les phénomènes du spiritisme.

Des tables s'agitaient en une ronde folle ; des objets se déplaçaient sans contact, des coups retentissaient dans les murailles et les meubles. Tout un ensemble de faits se produisait, manifestations vulgaires en apparence, mais parfaitement adaptées aux exigences du milieu terrestre, à l'état d'esprit positif et sceptique des sociétés modernes.

Le phénomène parlait aux sens, car les sens sont comme les ouvertures par où le fait pénétrera jusqu'à l'entendement. Les impressions produites sur l'organisme éveillent la surprise, provoquent la recherche, mènent à la conviction. De là, l'enchaînement des faits, la marche ascendante des phénomènes.

En effet, après une première phase matérielle et grossière, les manifestations revêtirent un nouvel aspect. Les coups frappés se régularisèrent et devinrent un mode de communication intelligent et conscient ; l'écriture automatique se propagea. La possibilité de rapports entre le monde visible et le monde invisible apparut comme un fait immense, bouleversant les idées reçues, ébranlant les enseignements habituels, mais ouvrant sur la vie future une issue que l'homme hésitait encore à franchir, ébloui qu'il était devant les perspectives qui s'ouvraient devant lui.

En même temps qu'il se propageait, le spiritisme voyait se dresser contre lui de nombreuses oppositions. Comme toutes les idées nouvelles, il dut affronter le mépris, la calomnie, la persécution morale. Comme l'idée chrétienne à ses débuts, il fut accablé d'amertume et d'injures. Il en est toujours ainsi. Lorsque de nouveaux aspects de la vérité apparaissent aux hommes, c'est toujours l'étonnement, la défiance, l'hostilité qu'ils provoquent.

Cela est facile à comprendre. L'humanité a épuisé les vieilles formes de la pensée et de la croyance, et lorsque des formes inattendues de la vérité se révèlent, elles semblent peu répondre à l'idéal ancien qui est affaibli, mais non pas mort. Aussi faut-il une assez longue période d'examen, de réflexion, d'incubation, pour que l'idée nouvelle fasse son chemin dans l'opinion. De là les luttes, les incertitudes, les souffrances de la première heure.

On a beaucoup raillé les formes que revêtait le nouveau spiritualisme. Les puissances invisibles qui veillent sur l'humanité sont meilleurs juges que nous des moyens d'action et d'entraînement qu'il convient d'adopter, suivant les temps et les milieux, pour ramener l'homme au sentiment de son rôle et de ses destinées, et cela sans entraver son libre arbitre. Car c'est là l'essentiel : il faut que la liberté de l'homme reste entière.

La Volonté supérieure sait approprier aux besoins d'une époque et d'une race les formes nouvelles de l'éternelle révélation. Elle suscite au sein des sociétés les penseurs, les expérimentateurs, les savants, qui indiqueront la voie à suivre et poseront les premiers jalons. Leur oeuvre se déroule lentement. Faibles et insensibles d'abord sont les résultats, mais l'idée pénètre peu à peu dans les intelligences. Le mouvement, pour être inaperçu, n'en est parfois que plus sûr et plus profond.

A notre époque, la science était devenue la maîtresse souveraine, la directrice du mouvement intellectuel. Lassée des spéculations métaphysiques et des dogmes religieux, l'humanité réclamait des preuves sensibles, des bases solides sur lesquelles elle pût asseoir ses convictions. Elle s'attachait à l'étude expérimentale, à l'observation des faits, comme à une planche de salut. De là, le grand crédit des hommes de science à l'heure où nous sommes. C'est pourquoi la révélation a pris un caractère scientifique. C'est par des faits matériels que l'on a frappé l'attention des hommes, devenus eux-mêmes matériels.

Les phénomènes mystérieux que l'on trouve disséminés dans l'histoire du passé se sont renouvelés et multipliés autour de nous ; ils se sont succédés dans un ordre progressif, qui semble indiquer un plan préconçu, l'exécution d'une pensée, d'une volonté.

A mesure que le nouveau spiritualisme gagnait du terrain, les phénomènes se transformaient. Les manifestations grossières du début s'affinaient, revêtaient un caractère plus élevé. Des médiums recevaient, par l'écriture, d'une manière mécanique ou intuitive, des messages, des inspirations de source étrangère. Des instruments de musique jouaient d'eux-mêmes. On entendait des voix et des chants ; des mélodies pénétrantes semblaient descendre du ciel et troublaient les plus incrédules. L'écriture directe se produisait à l'intérieur d'ardoises juxtaposées et scellées. Des phénomènes d'incorporation permettaient aux défunts de prendre possession de l'organisme d'un sujet endormi et de s'entretenir avec ceux qui les avaient connus sur la terre. Graduellement, et comme par suite d'un développement calculé, les médiums voyants, parlants, guérisseurs apparaissaient.

Enfin, les habitants de l'espace, revêtant des enveloppes temporaires, venaient se mêler aux humains, vivant un instant de leur vie matérielle et terrestre, se laissant voir, toucher, photographier, donnant des empreintes de leurs mains, de leurs visages et s'évanouissant ensuite pour reprendre leur vie éthérée.

C'est ainsi que, depuis un demi-siècle, tout un enchaînement de faits s'est produit, depuis les plus inférieurs et les plus vulgaires jusqu'aux plus subtils, suivant le degré d'élévation des Intelligences qui interviennent ; tout un ordre de manifestations s'est déroulé sous le regard des observateurs attentifs.

Aussi, malgré les difficultés d'expérimentation, malgré les cas d'imposture et les modes d'exploitation dont ces phénomènes ont été quelquefois le prétexte, l'appréhension et la défiance se sont atténuées peu à peu ; le nombre des examinateurs est allé croissant.

Depuis cinquante ans, et en tous pays, le phénomène spirite a été l'objet de fréquentes enquêtes, entreprises et dirigées par des commissions scientifiques. Des savants sceptiques, des professeurs célèbres, appartenant à toutes les grandes Universités du monde, ont soumis ces faits à un examen rigoureux et approfondi. Leur intention était d'abord de faire la lumière sur ce qu'ils croyaient être le résultat de fourberies ou d'hallucinations. Mais presque tous, d'incrédules qu'ils étaient, après des années d'études consciencieuses et d'expérimentation persistante, ils ont abandonné leurs préventions et se sont inclinés devant la réalité des faits.

Les manifestations spirites, constatées par milliers sur tous les points du globe, ont démontré qu'un monde invisible s'agite autour de nous, ou au sein des espaces, un monde où vivent, à l'état fluidique, ceux qui nous ont précédés sur terre, qui ont lutté et souffert et constituent par-delà la mort une seconde humanité.

Le nouveau spiritualisme se présente aujourd'hui avec un cortège de preuves et un ensemble de témoignages tellement imposant, que le doute n'est plus possible pour les chercheurs de bonne foi. C'est ce qu'exprimait en ces termes le professeur Challis, de l'Université de Cambridge :

" Les attestations ont été si abondantes et si parfaites, les témoignages sont venus de tant de sources indépendantes les unes des autres et d'un nombre si énorme de témoins, qu'il faut, ou admettre les manifestations telles qu'on les représente, ou renoncer à la possibilité de certifier quelque fait que ce soit par une déposition humaine. "

Aussi, le mouvement de propagation s'est-il accentué de plus en plus. A l'heure présente, nous assistons à un véritable épanouissement de l'idée spirite. La croyance au monde invisible s'est répandue sur toute la surface de la terre. Partout le spiritisme a ses sociétés d'expérimentation, ses vulgarisateurs, ses journaux.

Si la philosophie, dans ses spéculations les plus hardies, avait pu s'élever à la conception d'un autre mode d'existence après la mort du corps, la science humaine, cependant, n'était pas encore parvenue expérimentalement à la certitude du fait en lui-même. Le mérite du spiritisme est donc de nous fournir ces bases expérimentales en prouvant la communication possible des vivants avec des Intelligences ayant habité parmi nous avant de passer dans le domaine de la vie invisible. Ces âmes ont pu fournir, dans certains cas, la démonstration de leur identité et de leur état de conscience.

Pour ne citer qu'un exemple entre mille, le docteur Richard Hodgson, décédé en décembre 1906, s'est communiqué depuis à son ami J. Hyslop, professeur à l'Université Columbia, entrant dans de minutieux détails au sujet des expériences et des travaux de la Société des recherches psychiques, dont il a été président pour la section américaine. Il explique comment il faudrait les conduire, et par ces détails, il prouve absolument son identité.

Ces communications sont transmises par l'intermédiaire de différents médiums, qui ne se connaissent pas, et elles se confirment les unes par les autres. On y reconnaît les mots et les phrases familiers au communicant pendant sa vie.

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Si les débuts du spiritisme ont été difficiles, si sa marche fut lente, hérissée d'obstacles, depuis une vingtaine d'années il a conquis droit de cité. Il est devenu une véritable science et, en même temps, un corps de doctrines, une philosophie générale de la vie et de la destinée, basée sur un ensemble imposant de faits, de preuves expérimentales, auxquels viennent s'ajouter chaque jour des faits nouveaux. Cette science, cette doctrine nous démontre de plus en plus la réalité d'un monde invisible, incommensurable, peuplé d'êtres vivants qui avaient jusqu'ici échappé à nos sens, et par là de nouveaux horizons s'ouvrent ; les perspectives de notre destinée s'élargissent. Nous-mêmes, nous appartenons pour une part de notre être - la plus importante - à ce monde invisible qui se révèle chaque jour aux observateurs attentifs.

Les cas télépathiques, les phénomènes de dédoublement, d'extériorisation des vivants, les apparitions à distance, tant de fois relatés par F. Myers, C. Flammarion, Ch. Richet, docteur Dariex, docteur Maxwell, etc., en seraient la démonstration expérimentale. Les procès-verbaux de la Société des Recherches psychiques de Londres sont riches en faits de ce genre.

Les spirites croient que cette partie invisible, impondérable de notre être, siège inaltérable de nos facultés, de notre moi conscient, en un mot de ce que les croyants de toutes les religions ont appelé l'âme, survit à la mort. Elle poursuit, à travers le temps et l'espace, son évolution vers des états toujours meilleurs, toujours plus éclairés des rayons de la justice, de la vérité, et de l'amour. Cette âme, ce moi conscient, a pour enveloppe indestructible, pour véhicule, un corps fluidique, canevas du corps humain, formé de matière subtile, radiante, invisible, sur laquelle la mort n'a aucune action.

Ici, nous nous trouvons en présence d'une théorie, d'une conception susceptible de réconcilier les doctrines matérialiste et spiritualiste, si longtemps aux prises sans pouvoir s'ébranler ni se détruire réciproquement. L'âme ne serait plus une vague abstraction, mais un centre de force et de vie, inséparable de sa forme subtile, impondérable, quoique encore matérielle. Il y a là une base positive aux espérances et aux aspirations élevées de l'humanité. Tout ne finit pas avec cette vie : l'être, perfectible à jamais, recueille dans son état psychique, sans cesse affiné, le fruit des travaux, des oeuvres, des sacrifices de toutes ses existences.

La plainte douloureuse, le cri d'appel qui monte vers le ciel des profondeurs de l'humanité, ne reste pas sans réponse. Ceux qui ont vécu parmi nous et poursuivent dans l'espace, sous des formes plus éthérées, leur évolution infinie, ceux-là ne se désintéressent pas de nos souffrances et de nos larmes. Des sommets de la vie universelle découlent sans cesse sur la terre des courants de force et d'inspiration. De là viennent les éclairs du génie ; de là, les souffles puissants qui passent sur les foules aux heures décisives ; de là, le réconfort pour ceux qui ploient sous le lourd fardeau de l'existence.

Un lien mystérieux relie le visible à l'invisible. Notre destinée se déroule sur la chaîne grandiose des mondes. Elle se traduit par des accroissements graduels de vie, d'intelligence, de sensibilité.

Mais l'étude de l'univers occulte ne va pas sans difficultés. Là, comme ici, le bien et le mal, la vérité et l'erreur se mêlent, suivant le degré d'évolution des Esprits avec lesquels nous entrons en rapport. D'où la nécessité d'aborder le terrain de l'expérimentation avec une extrême prudence, après des études théoriques suffisantes. Le spiritisme est la science qui règle ces rapports. Il nous apprend à connaître, à attirer, à utiliser les forces bienfaisantes du monde invisible, à en écarter les influences mauvaises et, en même temps, à développer les puissances cachées, les facultés ignorées qui dorment au fond de tout être humain.


1 Annales des Sciences psychiques, 1897, p. 158.


2 Voir Annales des Sciences psychiques, février 1908.


3 Annales des Sciences psychiques, 1/16 juin 1910.


4 Revue scientifique et morale, octobre 1910, p. 212.