(Société, 9 septembre 1859).

Questions adressées à saint Louis à propos du père Crépin.

1. Le père Crépin que nous avons évoqué la dernière fois était un type rare d'avarice ; il n'a pu nous donner d'explications sur la source de cette passion en lui ; seriez-vous assez bon pour y suppléer ? Il nous a dit qu'il avait été berger, très malheureux de corps, mais heureux de coeur ; nous ne voyons là rien qui pût développer en lui cette avarice sordide ; voudriez-vous nous dire ce qui a pu la faire naître ? - R. Il était ignorant, inexpérimenté ; il a demandé la richesse ; elle lui a été accordée, mais comme punition de sa demande ; il ne recommencera plus, croyez-le bien.

2. Le père Crépin nous offre le type de l'avarice ignoble, mais cette passion a des nuances. Ainsi, il y a des gens qui ne sont avares que pour les autres ; nous demandons quel est le plus coupable de celui qui amasse pour le plaisir d'amasser, et se refuse même le nécessaire, ou de celui qui, ne se privant de rien, est ladre quand il s'agit du plus petit sacrifice pour son prochain ? - R. Il est évident que le dernier est plus coupable, car il est profondément égoïste ; l'autre est fou.

3. L'Esprit, dans les épreuves qu'il doit subir pour arriver à la perfection, doit-il subir tous les genres de tentation, et pourrait-on dire que, pour le père Crépin, le tour de l'avarice était venu au moyen des richesses qui étaient à sa disposition, et qu'il a succombé ? - R. Cela n'est pas général, mais c'est exact pour lui. Vous savez qu'il y en a qui prennent, dès le début, une route qui les affranchit de bien des épreuves.

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