Les purs Esprits.

(Médium, Mad. Costel.)

Les purs Esprits sont ceux qui arrivés au plus haut degré de perfection, sont jugés dignes d'être admis aux pieds de Dieu. La splendeur infinie qui les environne ne les dispense point de leur part d'utilité dans les œuvres de la création : les fonctions qu'ils ont à remplir correspondent à l'étendue de leurs facultés. Ces Esprits sont les ministres de Dieu ; ils régissent sous ses ordres les mondes innombrables ; ils dirigent de haut les Esprits et les humains ; ils sont liés entre eux par un amour sans bornes, et cette ardeur s'étend sur tous les êtres qu'ils cherchent à appeler et à rendre dignes de la suprême félicité. Dieu rayonne sur eux et leur transmet ses ordres ; ils le voient sans être accablés de sa lumière.

Leur forme est éthérée, ils n'ont plus rien de palpable ; ils parlent aux Esprits supérieurs et leur communiquent leur science ; ils sont devenus infaillibles. C'est dans leurs rangs que sont choisis les anges gardiens qui abaissent avec bonté leurs regards sur les mortels, et les recommandent aux Esprits supérieurs qui les ont aimés. Ceux-ci choisissent les agents de leur direction dans les Esprits du second ordre. Les purs Esprits sont égaux ; il n'en peut être autrement, puisqu'ils ne sont appelés à ce rang qu'après avoir atteint le plus haut degré de perfection. Il y a égalité, mais non uniformité, car Dieu n'a pas voulu qu'aucune de ses œuvres fût identique. Les Esprits purs conservent leur personnalité qui a seulement acquis la perfection la plus complète dans le sens de son point de départ.

Il n'est pas permis de donner de plus grands détails sur ce monde suprême.

Georges.

Séjour des bienheureux.

(Mad. Costel, médium.)

Parlons des dernières spirales de gloire habitées par les purs Esprits ; nul ne les atteint avant d'avoir traversé les cycles des Esprits errants. Jupiter est le plus haut degré de l'échelle ; lorsqu'un Esprit, longtemps purifié par son séjour dans cette planète est jugé digne de la suprême félicité, il en est averti par un redoublement d'ardeur ; un feu subtile anime toutes les parties délicates de son intelligence qui semble rayonner et devenir visible ; éblouissant, transfiguré, il éclaire le jour qui semblait si radieux aux yeux des habitants de Jupiter ; ses frères reconnaissent l'élu du Seigneur, et tremblants, s'agenouillent devant sa volonté. Cependant l'Esprit choisi s'élève, et les cieux, dans leur suprême harmonie, lui révèlent des beautés indescriptibles.

A mesure qu'il monte, il comprend, non plus comme dans l'erraticité, non plus voyant l'ensemble des choses créées, comme dans Jupiter, mais embrassant l'infini. Son intelligence transfigurée s'élance comme une flèche jusqu'à Dieu sans tremblement et sans erreur, comme dans un foyer immense alimenté par mille objets divers. L'amour, dans ces divers Esprits revêt la couleur de leur personnalité éprouvée ; ils se reconnaissent ; ils jouissent les uns par les autres. Leurs vertus reflétées, répercutent pour ainsi dire, les délices de la vue de Dieu et s'augmentent incessamment du bonheur de chaque élu. Mer d'amour que chaque affluent grossit, ces forces pures ne restent pas plus inactives que les forces des autres des autres sphères. Investies aussitôt du don d'ubiquité, elles embrassent à la fois les détails infinis de la vie humaine depuis son éclosion, jusqu'à ses dernières étapes. Irrésistible comme le jour, leur vue pénètre partout à la fois, et, actifs comme la puissance qui les meut, ils répandent les volontés du Seigneur. Comme d'une urne pleine s'échappe le flot bienfaisant, leur bonté universelle échauffe les mondes et confond le mal.

Ces divers interprètes ont pour ministres de leur puissance les Esprits déjà épurés. Ainsi tout s'élève, tout se perfectionne, et la charité rayonne sur les mondes qu'elle nourrit de sa puissante mamelle.

Les purs Esprits ont pour attribut la possession de tout ce qui est bien et vrai, car ils possèdent Dieu, le principe lui-même. La pauvre pensée humaine limite tout ce qu'elle comprend et n'admet pas l'infini que le bonheur ne limite pas. Après Dieu, que peut-il y avoir ? Dieu encore, Dieu toujours ; le voyageur voit les horizons succéder aux horizons et l'un n'est que le commencement de l'autre ; ainsi l'infini se déroule incessamment. La joie la plus immense des purs Esprits est précisément cette étendue aussi profonde que l'éternité elle-même.

On ne peut dépeindre une grâce, une flamme, un rayon ; je ne puis dépeindre les purs Esprits. Plus vifs, plus beaux, plus éclatants que ne le sont les images les plus éthérées, un mot résume leur être, leur pouvoir et leurs jouissances : Amour ! Remplissez de ce mot l'espace qui sépare la terre du ciel, et vous n'aurez encore que l'idée d'une goutte d'eau dans la mer. L'amour terrestre, quelque grossier qu'il soit, peut seul vous faire connaître sa divine réalité.

Georges.

La réincarnation.

(Par M. de Grand-Boulogne, médium.)

Il y a dans la doctrine de la réincarnation une économie morale qui n'échappe pas à ton intelligence.

La corporéité seule étant compatible avec les actes de vertu, et ces actes étant nécessaires à l'amélioration de l'Esprit, celui-ci doit rarement trouver dans une seule existence les circonstances nécessaires à son amélioration au-dessus de l'humanité.

Etant admis que la justice de Dieu ne peut s'allier avec des peines éternelles, la raison doit conclure à la nécessité : 1° d'une période de temps pendant laquelle l'Esprit examine son passé, et forme ses résolutions pour l'avenir ; 2° d'une existence nouvelle en harmonie avec l'avancement actuel de cet Esprit. Je ne parle pas des supplices, quelquefois terribles, auxquels sont condamnés certains Esprits pendant la période de l'erraticité ; ils répondent d'une part à l'énormité de la faute, de l'autre à la justice de Dieu. Ceci en dit assez pour dispenser de donner des détails que tu rencontreras d'ailleurs dans l'étude des évocations. Revenant aux réincarnations, tu en comprendras la nécessité par une comparaison vulgaire, mais saisissante de vérité.

Après une année d'études, qu'arrive-t-il au jeune collégien ? S'il a progressé, il passe dans une classe supérieure ; s'il est resté immobile dans son ignorance, il redouble sa classe. Va plus loin ; suppose des fautes graves : il est expulsé ; il peut errer de collège en collège ; il peut être chassé de l'Université, et peut aller de la maison d'éducation à la maison de correction. Telle est l'image fidèle du sort des Esprits, et rien ne satisfait plus complètement la raison. Veut-on creuser plus profondément la doctrine ? On verra combien, dans ces idées, la justice de Dieu paraît plus parfaite et plus conforme aux grandes vérités qui dominent notre intelligence.

Dans l'ensemble, comme dans les détails, il y a là quelque chose de si saisissant que l'Esprit qui y est initié pour la première fois en est comme illuminé. Et les reproches murmurés contre la Providence ; et les malédictions contre la douleur ; et le scandale du vice heureux en face de la vertu qui souffre ; et la mort prématurée de l'enfant ; et, dans une même famille, de ravissantes qualités donnant pour ainsi dire la main à une perversité précoce ; et les infirmités qui datent du berceau ; et la diversité infinie des destinées, soit chez les individus, soit chez les peuples, problèmes irrésolus jusqu'à ce jour, énigmes qui ont fait douter de la bonté et presque de l'existence de Dieu, tout cela s'explique à la fois. Un pur rayon de lumière s'étend sur l'horizon de la philosophie nouvelle, et dans son cadre immense, se groupent harmonieusement toutes les conditions de l'existence humaine. Les difficultés s'aplanissent, les problèmes se résolvent, et des mystères impénétrables jusqu'à ce jour se résument et s'expliquent dans ce seul mot : réincarnation.

Je lis dans ta pensée, cher chrétien ; tu dis : voici, pour le coup, une véritable hérésie. Pas plus, mon enfant, que la négation de l'éternité des peines. Aucun dogme pratique n'est contradictoire avec cette vérité. Qu'est-ce que la vie humaine ? Le temps pendant lequel l'Esprit reste uni à un corps. Les philosophes chrétiens, au jour marqué par Dieu, n'auront aucune difficulté à dire que la vie est multiple. Cela n'ajoute ni ne change rien à vos devoirs. La morale chrétienne reste debout, et le souvenir de la Mission de Jésus plane toujours sur l'humanité. La religion n'a rien à redouter de cet enseignement, et le jour n'est pas loin où ses ministres ouvriront les yeux à la lumière ; ils reconnaîtront enfin, dans la révélation nouvelle, les secours que, du fond de leurs basiliques, ils implorent du Ciel. Ils croient que la société va périr : elle va être sauvée.

Zénon.

Le Réveil de l'Esprit.

(Mad. Costel, médium.)

Lorsque l'homme quitte sa dépouille mortelle, il éprouve un étonnement et un éblouissement qui le tiennent quelque temps indécis sur son état réel ; il ne sait s'il est mort ou vivant, et ses sensations très confuses, sont assez longtemps à s'éclaircir. Peu à peu, les yeux de son Esprit sont éblouis des diverses clartés qui l'environnent ; il suit tout un ordre de choses, grandes et inconnues, qu'il a d'abord peine à comprendre, mais bientôt il reconnaît qu'il n'est plus qu'un être impalpable et immatériel ; il cherche sa dépouille, et s'étonne de ne pas la trouver ; il est quelque temps avant que la mémoire du passé lui revienne, et le convainque de son identité. En regardant la terre qu'il vient de quitter, il voit ses parents et ses amis qui le pleurent, et son corps inerte. Enfin ses yeux se détachent de la terre et s'élèvent vers le ciel ; si la volonté de Dieu ne le retient pas au sol, il monte lentement et se sent flotter dans l'espace, ce qui est une sensation délicieuse. Alors le souvenir de la vie qu'il quitte lui apparaît avec une clarté, désolante le plus souvent, mais consolante quelquefois. Je te parle ici de ce que j'ai éprouvé, moi qui ne suis pas un mauvais esprit, mais qui n'ai pas le bonheur d'occuper un rang élevé. On se dépouille de tous les préjugés terrestres ; la vérité apparaît dans toute sa lumière ; rien ne pallie les fautes ; rien ne cache les vertus ; on voit son âme aussi clairement que dans un miroir ; on cherche parmi les Esprits ceux que l'on a connus, car l'Esprit s'effraie de son isolement, mais ils passent sans s'arrêter ; il n'y a pas de communications amicales entre les Esprits errants ; ceux mêmes qui se sont aimés n'échangent pas de signes de reconnaissance ; ces formes diaphanes glissent et ne se fixent pas ; les communications affectueuses sont réservées aux Esprits supérieurs qui échangent leurs pensées. Quant à nous, notre état transitoire ne sert qu'à notre avancement dont rien ne doit nous distraire, les seules communications qui nous soient permises sont avec les humains, parce qu'elles ont un but d'utilité mutuelle que Dieu prescrit.

Les mauvais Esprits contribuent aussi à l'amélioration humaine : ils servent aux épreuves ; si on leur résiste, on acquiert des mérites. Les Esprits qui dirigent les hommes sont récompensés par un grand adoucissement de leurs peines. Les Esprits errants ne souffrent pas de l'absence de communications entre eux, parce qu'ils savent qu'ils se retrouveront ; ils n'en ont que plus d'ardeur pour arriver au moment où les épreuves accomplies leur rendront les objets de leur affection qui ne peut s'exprimer, mais qui gît, latente, en eux. Aucun des liens que nous avons contractés sur la terre n'est brisé ; nos sympathies se rétabliront dans l'ordre où elles auront existé, plus ou moins vives selon le degré de chaleur ou d'intimité qu'elles auront eu.

Georges.

Progrès des Esprits.

(Médium, Mad. Costel.)

Les Esprits peuvent avancer intellectuellement, s'ils le veulent sincèrement et avec fermeté ; ils ont, comme les hommes, leur libre arbitre, et leur état errant n'empêche pas l'exercice de leurs facultés ; il y aide même en leur donnant des moyens d'observation dont ils peuvent profiter.

Les mauvais Esprits ne sont pas fatalement condamnés à rester tels ; ils peuvent s'améliorer, mais ils le veulent rarement, car ils manquent de discernement, et trouvent une sorte de plaisir malsain au mal qu'ils font. Pour, qu'ils reviennent au bien, il faut qu'ils soient violemment frappés et punis ; car leurs cerveaux ténébreux ne s'éclairent que par le châtiment.

Les Esprits faibles qui ne font pas le mal par plaisir, mais qui n'avancent point, sont retenus par leur faiblesse même, et par une sorte d'engourdissement qui paralyse leurs facultés ; ils vont sans savoir où ; le temps se passe sans qu'ils le mesurent ; ils s'intéressent peu à ce qu'ils voient, et n'en tirent pas profit ou s'en révoltent. Il faut être arrivé à un certain degré d'avancement moral pour pouvoir progresser dans l'état d'erraticité ; aussi ces pauvres Esprits choisissent-ils souvent fort mal leurs épreuves ; ils cherchent surtout à être le mieux possible dans leur vie charnelle, sans beaucoup s'inquiéter de ce qu'ils deviendront au-delà. Ces Esprits faibles aspirent ardemment à l'incarnation, non pour s'épurer, mais pour vivre encore. Les êtres qui ont accompli beaucoup de migrations sont plus expérimentés que les autres ; chacune de leurs existences a déposé en eux une somme de connaissances plus considérable ; ils ont vu et retenu ; ils sont moins naïfs que ceux qui sont rapprochés de leur point de départ.

Les Esprits qui sont partis de la terre s'y réincarnent plus souvent que partout ailleurs, parce que l'expérience qu'ils ont acquise y est plus applicable. Ils ne visitent guère les autres mondes qu'avant ou après leur perfectionnement. Dans chaque planète les conditions de l'existence sont différentes, car Dieu est inépuisable dans la variété de ses œuvres ; pourtant les êtres qui les habitent obéissent aux mêmes lois d'expiation, et tendent tous vers le même but de complète perfection.

Georges.

La Charité matérielle et la charité morale.

(Médium, Mad. de B…)

" Aimons-nous les uns les autres et faisons à autrui ce que nous voudrions qui nous fût fait. " Toute la religion, toute la morale se trouvent enfermées dans ces deux préceptes ; s'ils étaient suivis ici-bas, nous serions tous parfaits : plus de haines, plus de dissentiments ; je dirai plus encore : plus de pauvreté, car du superflu de la table de chaque riche, bien des pauvres se nourriraient, et vous ne verriez plus, dans les sombres quartiers que j'ai habités pendant ma dernière incarnation, de pauvres femmes traînant après elles de misérables enfants manquant de tout.

Riches ! pensez un peu à cela ; aidez de votre mieux les malheureux ; donnez, pour que Dieu vous rende un jour le bien que vous aurez fait, pour que vous trouviez un jour, au sortir de votre enveloppe terrestre, un cortège d'Esprits reconnaissants qui vous recevront au seuil d'un monde plus heureux.

Si vous pouviez savoir la joie que j'ai éprouvée en retrouvant là-haut ceux que j'avais pu obliger dans ma dernière vie ! Donnez, et aimez votre prochain ; aimez-le comme vous-même, car vous le savez, vous aussi, maintenant que Dieu a permis que vous commenciez à vous instruire dans la science spirite, ce malheureux que vous repoussez est peut-être un frère, un père, un fils, un ami que vous rejetez loin de vous, et alors quel sera votre désespoir un jour en le reconnaissant dans ce monde spirite !

Je souhaite que vous compreniez bien ce que peut être la charité morale, celle que chacun peut pratiquer ; celle qui ne coûte rien de matériel, et cependant celle qui est la plus difficile à mettre en pratique.

La charité morale consiste à se supporter les uns les autres, et c'est ce que vous faites le moins, en ce bas monde où vous êtes incarnés pour le moment. Soyez donc charitables, parce que vous avancerez le plus dans la bonne voie ; soyez humains et supportez-vous les uns les autres. Il y a un grand mérite à savoir se taire pour laisser parler un plus sot que soi ; et c'est là un genre de charité. Savoir être sourd quand un mot moqueur s'échappe d'une bouche habituée à railler ; ne pas voir le sourire dédaigneux qui accueille votre entrée chez des gens qui, souvent à tort, se croient au-dessus de vous, tandis que, dans la vie spirite, la seule réelle, ils en sont quelquefois bien loin ; voilà un mérite, non pas d'humilité, mais de charité ; car ne pas remarquer les torts d'autrui, voilà la charité morale. En passant près d'un pauvre infirme, le regarder avec compassion, a toujours bien plus de mérite que de lui jeter avec mépris son obole.

Cependant il ne faudrait pas prendre cette figure à la lettre, car cette charité ne doit pas empêcher l'autre ; mais pensez surtout à ne pas mépriser votre semblable ; rappelez-vous ce que je vous ai déjà dit : Il faut se souvenir sans cesse que, dans le pauvre rebuté, vous repoussez peut-être un Esprit qui vous a été cher, et qui se trouve momentanément dans une position inférieure à la vôtre. J'ai revu un des pauvres de votre terre que j'avais pu, par bonheur, obliger quelquefois, et qu'il m'arrive maintenant d'implorer à mon tour.

Soyez donc charitables ; ne soyez pas dédaigneux ; sachez laisser passer un mot qui vous blesse, et ne croyez pas qu'être charitable soit seulement de donner le matériel, mais aussi de pratiquer la charité morale. Je vous le répète, faites l'un et l'autre. Rappelez-vous que Jésus a dit que nous sommes frères, et pensez toujours à cela avant de repousser le lépreux ou le mendiant. Je reviendrai encore vous donner une plus longue communication, mais je suis rappelée. Adieu ; pensez à ceux qui souffrent, et priez.

Soeur Rosalie.

L'Electricité de la pensée.

(Médium, Mad. Costel.)

Je vous parlerai de l'étrange phénomène qui se passe dans les assemblées, quel que soit leur caractère ; je veux parler de l'électricité de la pensée, qui se répand, comme par enchantement, dans les cerveaux les moins préparés à le recevoir. Ce fait seul aurait dû confirmer le magnétisme aux yeux des plus incrédules. Je suis surtout frappée de la coexistence des phénomènes, et de la façon dont ils se confirment les uns les autres ; vous direz sans doute : le Spiritisme les explique tous, car il donne la raison des faits, jusqu'alors relégués dans le domaine de la superstition. Il faut croire à ce qu'il vous enseigne, parce qu'il transforme la pierre en diamant, c'est-à-dire, qu'il élève sans cesse les âmes qui s'appliquent à le comprendre, et qu'il leur donne, sur cette terre, la patience pour supporter leurs maux, et leur procure, dans le ciel, l'élévation glorieuse qui rapproche du Créateur.

J'en reviens à mon point de départ dont je me suis un peu écartée, l'électricité qui unit l'Esprit des hommes assemblés, et leur fait comprendre à tous en même temps, la même idée ; cette électricité sera un jour employée aussi efficacement entre les hommes qu'elle l'est déjà pour leurs communications éloignés. Je vous indique cette idée ; je la développerai un jour, car elle est très féconde. Conservez le calme dans vos travaux, et comptez sur la bienveillance des bons Esprits pour vous assister.

Je vais compléter ma pensée qui est restée inachevée dans ma dernière communication. Je vous parlais de l'électricité de la pensée, et je disais qu'un jour elle serait employée comme l'est sa sœur l'électricité physique. En effet, les hommes réunis dégagent un fluide qui leur transmet avec la rapidité de l'éclair les moindres impressions. Pourquoi n'a-t-on jamais songé à employer ce moyen, pour découvrir un criminel par exemple, ou pour faire comprendre aux masses les vérités de la religion ou du Spiritisme ? Lors des grands procès criminels, ou politiques, les assistants des drames judiciaires, ont tous pu constater le courant magnétique qui forçait peu à peu les gens les plus intéressés à cacher leur pensée, à la découvrir, à s'accuser même, ne pouvant plus supporter la pression électrique qui faisait malgré eux, jaillir la vérité, non pas de leur conscience, mais de leur poitrine ; à part ces grandes émotions, le même phénomène se reproduit pour les idées intellectuelles qui se communiquent de cerveau à cerveau ; le moyen est donc trouvé, il s'agit de l'appliquer : réunir, dans un même centre, des hommes convaincus, ou des hommes instruits, et leur opposer l'ignorance, ou le vice. Ces expériences doivent être faites sciemment, et sont plus importantes que les vains débats portant sur des mots.

Delphine de Girardin.

L'Hypocrisie.

(Médium, M. Didier fils.)

Il devrait y avoir sur la terre deux camps bien distincts : les hommes qui font le bien ouvertement et ceux qui font le mal ouvertement. Hé bien ! non. L'homme n'est même pas franc dans le mal ; il affecte la vertu. Hypocrisie ! hypocrisie ! déesse puissante, que de tyrans tu as élevés ! que d'idoles tu as fait adorer ! Le cœur de l'homme est vraiment bien étrange, puisqu'il peut battre lorsqu'il est mort ; puisqu'il peut aimer en apparence l'honneur, la vertu, la vérité, la charité ! l'homme chaque jour se prosterne devant ces vertus, et chaque jour il manque de parole, chaque jour il méprise le pauvre et le Christ ; chaque jour il ment, chaque jour il est tartuffe ! Que d'hommes paraissent honnêtes par le moyen que l'apparence trompe souvent ! Christ les appelait sépulcres blanchis, c'est-à-dire la pourriture au-dedans, le marbre au dehors étincelant au soleil. Homme ! tu ressembles effectivement à cette demeure de la mort, et tant que ton cœur sera mort, Jésus ne t'inspirera pas ; Jésus, cette lumière divine qui n'éclaire pas extérieurement, mais qui illumine intérieurement.

L'hypocrisie, c'est le vice de votre époque, entendez-vous bien ; et vous voulez vous faire grands par l'hypocrisie ! Au nom de la liberté, vous vous agrandissez ; au nom de la morale, vous vous abrutissez ; au nom de la vérité, vous mentez.

Lamennais.

Allan Kardec.


Paris. - Typ. H. Carion, rue Bonaparte, 64.