Les ennemis du progrès.

(Médium, M. R….)

Les ennemis du progrès, de la lumière et de la vérité, travaillent dans l'ombre ; ils préparent une croisade contre nos manifestations ; n'en prenez nul souci ; vous êtes puissamment soutenus ; laissez-les s'agiter dans leur impuissance. Cependant, par tous les moyens qui sont en votre pouvoir, attachez-vous à combattre, à anéantir l'idée de l'éternité des peines, pensée blasphématoire envers la justice et la bonté de Dieu, source la plus féconde de l'incrédulité, du matérialisme et de l'indifférence qui ont envahi les masses depuis que leur intelligence a commencé à se développer ; l'esprit près de s'éclairer, ne fût-il même que dégrossi, en a bien vite saisi la monstrueuse injustice, sa raison la repousse et alors il manque rarement de confondre dans le même ostracisme et la peine qui le révolte et le Dieu auquel on l'attribue ; de là les maux sans nombre qui sont venus fondre sur vous, et auxquels nous venons apporter remède. La tâche que nous vous signalons vous sera d'autant plus facile que les autorités sur lesquelles s'appuient les défenseurs de cette croyance ont tous évité de se prononcer formellement ; ni les conciles, ni les Pères de l'Église n'ont tranché cette grave question. Si d'après les Évangélistes eux-mêmes, et en prenant au pied de la lettre les paroles emblématiques du Christ, il a menacé les coupables d'un feu qui ne s'éteint pas, d'un feu éternel, il n'est absolument rien dans ses paroles qui prouve qu'il y ait condamné ces coupables éternellement.

Pauvres brebis égarées, sachez voir venir de loin le bon Pasteur, qui loin de vouloir vous bannir à tout jamais de sa présence, vient lui-même à votre rencontre pour vous ramener au bercail. Enfants prodigues, quittez votre exil volontaire ; tournez vos pas vers la demeure paternelle : le père vous tend les bras et se tient toujours prêt à fêter votre retour en famille.

Lamennais.


Distinction de la nature des Esprits.

(Médium, madame Costel.)

Je veux te parler des hautes vérités du Spiritisme, elles sont étroitement liées à celles de la morale, il est donc important de ne jamais les diviser ; d'abord, le point qui attire l'attention des êtres intelligents, c'est le doute sur la vérité même des communications spirites. La vérité, première dignité de l'âme, est toute dans ce point de départ ; cherchons donc à l'établir.

Il n'y a pas de moyen infaillible pour distinguer la nature des Esprits, si nous abdiquons le jugement, la comparaison, la réflexion ; ces trois facultés sont plus que suffisantes pour distinguer sûrement les divers Esprits. Le libre-arbitre est l'axe sur lequel tourne le pivot de l'intelligence humaine ; l'équilibre serait rompu si les Esprits n'avaient qu'à parler pour soumettre les hommes ; leur pouvoir, alors, égalerait celui de Dieu, il n'en peut être ainsi ; l'échange entre les humains et les invisibles ressemble à l'échelle de Jacob ; s'il permet aux uns de monter, il laisse les autres descendre ; et tous agissant les uns sur les autres, sous l'œil de Dieu, doivent marcher vers lui, dans le même esprit d'amour et d'intelligente soumission. J'ai effleuré ce sujet, et je vous conseille de l'approfondir sous toutes ses faces.

Lazarre.


Scarron.

(Médium, mademoiselle Huet.)

Mes amis, j'ai été bien malheureux sur la terre, parce que mon Esprit était égal, et quelquefois supérieur à celui des personnes qui m'entouraient ; mais mon corps était au-dessous. Aussi mon cœur était ulcéré par les souffrances morales, et par les maux physiques qui avaient mis mon enveloppe terrestre dans un état piteux et misérable. Mon caractère s'était aigri par les maladies et les contrariétés que j'éprouvais dans le commerce de mes amis. Je me suis laissé aller à la malignité la plus caustique ; j'étais gai et sans chagrin en apparence ; cependant je souffrais bien au fond de mon coeur ; et quand j'étais seul, livré aux secrètes pensées de mon âme, je gémissais d'être ainsi en lutte entre le bien et le mal. Le plus beau jour de mon existence a été celui où mon Esprit s'est séparé de mon corps ; où, ce premier, léger et éclairé par un rayon divin, s'est élancé vers les sphères célestes. Il me semblait que je renaissais, et le bonheur s'empara de mon être : je reposai enfin !

Plus tard, ma conscience s'est réveillée ; j'ai reconnu les torts que j'avais envers mon Créateur ; j'ai éprouvé du remords, et j'ai imploré la pitié du Tout-Puissant. Depuis ce temps je cherche à m'instruire dans le bien ; j'essaie de me rendre utile aux hommes, et je progresse chaque jour. Cependant j'ai besoin que l'on prie pour moi, et je demande aux fervents croyants d'élever en ma faveur leurs pensées vers Dieu. S'ils m'appellent à eux, je tâcherai de venir chaque fois et de répondre à leurs demandes autant que je le pourrai. Ainsi se pratique la charité.

Paul Scarron.


Le Néant de la vie.

(Médium, mademoiselle Huet.)

Mes bons amis d'adoption, permettez-moi de vous dire quelques mots, comme conseils. Dieu me permet de venir à vous ; que ne puis-je vous communiquer toute l'ardeur qui était dans mon cœur, et qui m'animait pour le bien. Croyez à Dieu, l'auteur de toutes choses ; aimez-le ; soyez bons et charitables ; la charité est la clef du ciel. Pour devenir bons, pensez quelquefois à la mort ; c'est une pensée qui élève l'âme et rend meilleur, en rendant humble ; car, qu'est-on sur la terre ? un atome jeté dans l'espace ; bien peu de chose dans l'univers. L'homme n'est rien, il fait nombre. Quand il regarde devant lui, quand il regarde en arrière, c'est encore l'infini ; sa vie, quelque longue qu'elle soit, est un point dans l'éternité. Pensez alors à votre âme, pensez à la vie nouvelle qui vous attend, car vous ne pouvez douter qu'il y en ait une, quand ce ne seraient que les désirs de votre âme qui ne sont jamais satisfaits, ce qui est une preuve qu'ils doivent l'être dans un monde meilleur. Au revoir.

S. Swetchine.


Aux Médiums.

(Médium, M. Darcol.)

Lorsque vous voudrez recevoir des communications de bons Esprits, il importe de vous préparer à cette faveur par le recueillement, par de saines intentions et par le désir de faire le bien en vue du progrès général ; car souvenez-vous que l'égoïsme est une cause de retard à tout avancement. Souvenez-vous que si Dieu permet à quelques-uns d'entre vous de recevoir le souffle de certains de ses enfants qui, par leur conduite, ont su mériter le bonheur de comprendre sa bonté intime c'est qu'il veut bien, à notre sollicitation, et en vue de vos bonnes intentions, vous donner les moyens d'avancer dans sa voie ; ainsi donc, Médiums ! mettez à profit cette faculté que Dieu veut bien vous accorder. Ayez la foi dans la mansuétude de notre maître ; ayez la charité toujours en pratique ; ne vous lassez jamais d'exercer cette sublime vertu ainsi que la tolérance. Que toujours vos actions soient en harmonie avec votre conscience, c'est un moyen certain de centupler votre bonheur dans cette vie passagère, et de vous préparer une existence mille fois plus douce encore.

Que le Médium d'entre vous qui ne se sentirait pas la force de persévérer dans l'enseignement spirite, s'abstienne ; car ne mettant pas à profit la lumière qui l'éclaire, il sera moins excusable qu'un autre, et il aura à expier son aveuglement.

François de Salles.


L'honnêteté relative.

(Médium, madame Costel.)

Nous nous occuperons aujourd'hui de la moralité de ceux qui n'en ont pas, c'est-à-dire de l'honnêteté relative qui se trouve dans les cœurs les plus pervertis. Le voleur ne vole pas le mouchoir de son camarade, même, quand celui-ci en a deux ; le marchand ne surfait pas son ami ; le traître est fidèle quand même à un être quelconque. Jamais la lueur divine n'est complètement absente du cœur humain ; aussi doit-on la conserver avec des soins infinis, sinon la développer. Le jugement étroit et brutal des hommes empêche, par sa sévérité, beaucoup plus de bons retours qu'il ne préserve de mauvaises actions. Le Spiritisme développé doit être, et sera la consolation et l'espoir des cœurs flétris par la justice humaine. La religion, pleine de sublimes enseignements, plane trop haut pour les ignorants ; elle n'attaque pas assez directement l'épaisse imagination de l'illettré qui veut voir et toucher pour croire. Eclairé par les médiums, peut-être médium lui-même, la croyance fleurira dans ce cœur desséché. Aussi est-ce surtout au peuple que les vrais Spirites doivent s'adresser comme autrefois les apôtres ; qu'ils répandent la doctrine consolante ; comme des pionniers, qu'ils s'enfoncent dans les marais de l'ignorance et du vice pour défricher, assainir, préparer le terrain des âmes, afin qu'elles puissent recevoir la belle culture du Christ.

Georges.


Profit des conseils.

(Médium, mademoiselle Huet.)

Profitez-vous de nos conseils et de ce que nous vous disons chaque jour ? Non ; très peu. En sortant d'une de vos réunions vous vous entretenez de la curiosité du fait ; du plus ou moins d'intérêt qu'il a offert aux assistants ; mais en est-il un seul parmi vous qui se demande s'il peut s'appliquer la morale, le conseil que nous venons de prescrire, et s'il est dans l'intention de le faire ? Il a demandé sollicité une citation ; il l'a : cela lui suffit. Il retourne à ses occupations journalières en se promettant de venir revoir un spectacle aussi intéressant ; il raconte les faits à ses amis, afin d'exciter leur curiosité, et seulement pour prouver que les savants peuvent être confondus ; bien peu le font en vue de prêcher la morale ; bien peu même cherchent à s'améliorer.

Ma leçon est sévère ; je ne veux pourtant pas vous décourager ; apportez toujours de la bonne volonté, seulement un peu plus de bons sentiments vers Dieu, et moins d'envie de vouloir anéantir ceux qui ne veulent pas croire : ceci regarde le temps et Dieu.

Marie (Esprit familier.)


Pensées détachées.

O hommes ! que vous êtes superbement orgueilleux ! Votre prétention est vraiment comique. Vous voulez tout savoir, et votre essence s'oppose, sachez-le, à cette faculté de compréhension universelle. Vous n'arriverez à connaître cette merveilleuse nature que par le travail persévérant ; vous n'aurez la joie d'approfondir ces trésors et d'entrevoir l'infini de Dieu, qu'en vous améliorant par la charité, et en faisant toutes choses au point de vue du bien pour tous, et en reportant cette faculté du bien à Dieu qui, dans sa générosité que rien ne peut égaler, vous en récompensera au-delà de toute supposition.

Massillon.

L'homme est le jouet des événements, a-t-on dit souvent ; de quels événements veut-on parler ? quels seraient leur cause, leur but ? Jamais on n'y a vu le doigt de Dieu. Cette pensée vague et matérialiste, mère de la fatalité, a égaré plus d'un grand esprit, plus d'une profonde intelligence. Balzac a dit, vous le savez : " Il n'y a pas de principes ; il n'y a que des événements ; " c'est-à-dire, selon lui, l'homme n'a plus de libre-arbitre ; la fatalité le saisit au berceau, et le conduit jusqu'au tombeau ; monstrueuse invention de l'esprit humain ! cette pensée abat la liberté ; la liberté, c'est-à-dire le progrès, l'ascension de l'âme humaine, démonstration évidente de l'existence de Dieu. L'homme se laisserait donc conduire, serait donc esclave de tout : des hommes et de lui-même ? O homme ! descends en toi ; es-tu né pour la servitude ? Non ; tu es né pour la liberté.

Lamennais.